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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Cinquième concert de l’intégrale des sonates pour piano de Beethoven par Daniel Barenboïm à la Philharmonie de Paris.
Beethoven sans magie
Pour le cinquième des huit concerts de l’intégrale des Sonates pour piano de Beethoven, Daniel Barenboïm montre un jeu contraint par un doigté limité en même temps que l’interprétation, toujours connue chez lui quelque peu distante, ne fait plus planer d’instants de magie, même lors de la Sonate n° 26 dite « Les Adieux ».
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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La Philharmonie de Paris laisse paraître quelques fauteuils vides par rapport au récital Daniil Trifonov de la veille, mais on a tout de même également ajouté trois rangées sur la scène, pour contenir un public conquis d’avance à l’écoute du cinquième concert du cycle intégrale des sonates pour piano de Beethoven par Daniel Barenboïm.
La Sonate n° 2 en la majeur op. 2 n° 2 ouvre cette fraction d’une intégrale débutée en janvier 2019 pour être achevée fin janvier 2020. Et comme souvent avec le pianiste dans les œuvres moins connues, à l’image de son cycle des sonates de Schubert en 2015, de nombreux moments de flottement apparaissent. Le Largo démontre certes la maturité d’un artiste adepte de Beethoven depuis plus de cinquante ans, dont les idées pèsent encore sur des notes jamais vides, mais les doigts tapent souvent à côté, sans que l’on ne retrouve cette fois de grands moments d’apesanteur.
Malheureusement, le public a sa part de responsabilité, car si les toux sont légèrement plus faibles que la veille dans l’Allegro vivace, le mouvement lent est tellement dérangé que Barenboïm doit lever un mouchoir pour expliquer comment limiter le bruit. Ce geste fait rire puis applaudir une partie de l’auditoire, tandis que d’autres s’affligent silencieusement qu’un tel artiste en arrive à devoir expliquer à une audience qu’elle ne permet pas d’écouter ce pour quoi elle est censément venue.
La Sonate n° 17 débute sous de meilleurs auspices, et globalement le public restera plus discret par la suite, malgré une insupportable toux chronique lors du final de la dernière œuvre. On entre donc dans la Tempête avec plus de concentration, et un beau développement du Largo initial, bien que là encore, le jeu du pianiste, sur sa sublime réplique d’un piano Weimar à cordes parallèles déjà entendu à Paris pour Schubert et depuis le début de ce cycle, semble contraint tant par la lettre que par l’esprit.
La même approche se développe après l’entracte pour la Sonate n° 10 en sol majeur, avec un Scherzo particulièrement altéré, avant une Sonate n° 26 en mib majeur moins puissante que sous les mêmes poignets il y a quelques années. L’introduction de Das Lebewohl (l’Adieu) n’appuie pas dans le pathos, en même temps qu’elle ne trouve pas cette élévation que l’on pouvait entendre auparavant chez ce génie du piano, et bloque sur des parties dans lesquelles il était déjà en difficulté il y a trente ans.
Abwersenheit (l’Absence) porte de la même façon trop bien son nom, bien que le rythme de cet Andante permette plus de concentration. Wiedersehen (le Retour) achève le concert sur de chaleureux applaudissements, qui conduisent à son cinquième retour Barenboïm à se poster devant le piano, tout simplement pour en refermer le clavier et expliquer par ce geste que si l’on attend un bis, un autre concert est prévu deux jours plus tard avec les sonates n° 5, 11, 19, 20 & 21 « Appassionata ».
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Philharmonie, Paris Le 30/10/2019 Vincent GUILLEMIN |
| Cinquième concert de l’intégrale des sonates pour piano de Beethoven par Daniel Barenboïm à la Philharmonie de Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano n° 2 en la majeur op. 2 n° 2
Sonate pour piano n° 17 en ré mineur op. 31 n° 2 « La Tempête »
Sonate pour piano n° 10 en sol majeur op. 14 n° 2
Sonate pour piano n° 26 en mib majeur op. 81a « Les Adieux »
Daniel BarenboĂŻm, piano | |
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