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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise des Pêcheurs de perles de Bizet dans la mise en scène de Yoshi Oïda, sous la direction de Michel Plasson à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège.
Le Grand PrĂŞtre de Bizet
Découverte il y a sept ans à Paris à l’Opéra-Comique avant d’être reprise à Liège et Bordeaux, la production épurée de Yoshi Oïda sur les Pêcheurs de Perles de Bizet bénéficie pour son retour sur la scène royal de Wallonie de la direction soignée et colorée de Michel Plasson, ainsi que du Nadir idéal de Cyrille Dubois.
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Apparue en 2012 à Paris, la mise en scène de Yoshi Oïda présente toujours la même épure dans le traitement des décors de Tom Schenk et les lumières de Fabrice Kebour, autant que dans un jeu d’acteurs bien adapté pour ne pas grossir le trait de personnages aux contours moyennement brossés par le livret. De l’orientalisme d’une île de Ceylan jamais vue des yeux du compositeurs ou des librettistes, il ne reste alors que teintes moirées, paniers et barques de pêche ainsi que costumes de draps blancs, pour une scène toujours maintenue dans une tonalité bleue.
Déjà revue à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège en 2015, la production bénéficie cette saison d’une distribution entièrement renouvelée, portée par celui que nous avions déjà encensé en version de concert à Lille en 2017, pour une représentation qui donna lieu à un enregistrement. Cyrille Dubois présente toujours ce timbre légèrement nasalisé, juvénile et parfaitement équilibré pour une romance touchante, jamais dans la pure voix de tête. Ce chant se montre ici encore plus idéal à l’arrivée en coulisse au début de l’acte II, d’un rendu incroyablement diaphane.
Annick Massis chante cette fois Leïla et si le timbre n’est plus de la première jeunesse, autant que la voix peine à atteindre les aigus et que manque la souplesse du I écrit pour colorature, les deux actes suivants, plus fournis et mieux adaptés à sa tessiture, prouvent toujours toute la qualité technique de l’artiste. À l’inverse de Sonya Yoncheva à Paris ou Joyce El-Khoury dans la récente reprise bordelaise, toutes deux plus à l’aise dans le haut du spectre, Massis apporte au rôle une intéressante maturité dans le médium..
Pierre Doyen présente pour Zurga une voix pleine, bien projetée pour caractériser un personnage sans caricature, amoureux autant que compréhensif du désamour de l’être adoré. Le Nourabad de Patrick Delcour ne démérite pas, bien qu’il manque quelque peu de stature en scène et de grave, là où le Chœur de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège débute encore fébrile sur la grève en feu, pour s’exalter davantage après l’entracte, notamment lors des deux finals.
S’il était cependant une raison particulière pour ne pas rater cette reprise, elle se trouvait évidemment en fosse, avec la présence du Grand Prêtre de la musique française, auteur de l’un des meilleurs enregistrements de l’opéra : Michel Plasson. D’un orchestre aux cuivres rarement aussi précis, le chef de 85 ans réussit à tirer les plus belles couleurs par un tissu toujours soigné, calme et jamais brusqué, dont ressortent les harpes et les flûtes, ainsi que le cor anglais, splendide autant que les cordes sont soyeuses sous la merveilleuse romance de Nadir.
Fait rare, à peine les chanteurs ont-ils salué que Michel Plasson, toujours en pleine forme, relance l’orchestre pour bisser un trio final éclatant.
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