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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Concert de la Philharmonie tchèque sous la direction de Semyon Bychkov, avec la participation du pianiste Kirill Gerstein à la Philharmonie de Paris.
La douceur de Manfred
En trois concerts à la Philharmonie de Paris, la Philharmonie tchèque et Semyon Bychkov concluent leur Tchaikovsky Project débuté trois ans plus tôt. Le premier soir permet la création française de l’édition critique du Premier Concerto avec Kirill Gerstein, avant de faire ressortir les sublimes sonorités de l’orchestre pour la Symphonie Manfred.
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En 2016, alors qu’il n’est pas encore directeur d’une Česká filharmonie dans les mains du regretté Jiřà Bělohlávek jusqu’à sa disparition en 2017, Semyon Bychkov débute pour Decca un Tchaikovsky Project dans lequel est prévu la majorité des ouvrages symphoniques du compositeur russe.
Après une tournée de dix jours au Japon en cette fin octobre avec les seuls Concerto pour violon et Symphonie Pathétique, l’orchestre et le chef clôturent leur cycle avec trois programmes en trois soirs, d’abord au Musikverein de Vienne, puis à la Philharmonie de Paris. C’est donc le surlendemain du troisième concert autrichien que reprend le vendredi à Paris le premier programme, le seul avec des œuvres rares, puisqu’à la Symphonie Manfred est associé le Concerto pour piano n° 1 dans sa nouvelle édition critique.
Seul pianiste à avoir enregistré cette version (avec James Gaffigan en 2015), puis plus récemment avec Bychkov, Kirill Gerstein introduit l’ouvrage par les accords arpégés écrits de la main du compositeur, plutôt que ceux plaquées de la version apocryphe de Siloti, constamment interprétées depuis plus d’un siècle.
Cette fois cependant, le pianiste russo-américain martèle trop son clavier, surtout dans l’Allegro non troppo, certes d’une incroyable agilité, mais bien trop nerveux et percussif pour rendre la proposition captivante. En bis, la Mélodie en mi majeur extraite de l’opus 3 de Rachmaninov démontre d’un doigté adouci, sans pour autant faire naître l’émotion.
Au retour d’entracte, l’orchestre déjà superbe dans le concerto déploie ses plus beaux atours, du matériau thématique de Manfred sublimés par le basson et la clarinette basse, à des cordes d’un soyeux particulier. Le timbalier se fait parfois trop présent, là où les deux harpes se maintiennent à l’inverse toujours dans leur plus parfaite cristallinité.
Pourtant, de cette interprétation d’une qualité à même de rappeler que le Philharmonique tchèque fait toujours incontestablement partie des meilleures formations au monde, le discours peine à trouver la même verve que sous le chef russe en 2017 avec l’Orchestre national de France. Le son est beau, mais même le thème bouleversant de l’Andante, rappelé dans le Finale, reste quelque peu distant.
Sans doute cela est-il dû à une forme de fatigue de la part de musiciens en fin de tournée, plus touchés pour porter la globalité du message que par leurs capacités techniques intègres. Mais à cela s’ajoute que Bychkov, préoccupé de ne surtout pas trahir le compositeur, a comme toujours validé la version liminaire de l’ouvrage plutôt que celles raccourcies plus tard par Alexander Gauk ou Evgeny Svetlanov, pour ne rien dire de Toscanini. Il doit alors utiliser un orgue de la Philharmonie de Paris bien moins intégré à l’acoustique, et donc bien moins impactant, que celui concurrent de l’Auditorium de Radio France ou celui exceptionnel du Rudolfinum de Prague.
C’est donc un Manfred plus doux que tourmenté que l’on écoute, avec pour simple plaisir les sublimes sonorités de l’orchestre.
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Philharmonie, Paris Le 22/11/2019 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de la Philharmonie tchèque sous la direction de Semyon Bychkov, avec la participation du pianiste Kirill Gerstein à la Philharmonie de Paris. | Piotr Ilitch Tchaikovski (1840-1893)
Concerto pour piano et orchestre n° 1 en sib mineur op. 23
Kirill Gerstein, piano
Symphonie Manfred en si mineur op. 58
Česká filharmonie
direction : Semyon Bychkov | |
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