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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production d’un Violon sur le toit de Jerry Bock dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction de Koen Schoots à l’Opéra national du Rhin, Strasbourg.
Mazel Tov !
C'est à un feu d'artifice que nous convie l'Opéra du Rhin avec ce Violon sur le toit importé de la Komische Oper où Barrie Kosky l'a mis en scène. Cette comédie musicale sur la vie dans un Shtel autour de 1900, évoquant aussi pogroms et antisémitisme, est servie par des chorégraphies et un plateau remarquables que rythme avec brio la direction de Koen Schoots.
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Au centre de la scène, une armoire que l'on ouvre et par laquelle débarque tout un monde oublié et disparu : le monde de ces shtels, petites villes dans lesquelles les juifs d'Europe de l'Est vivaient en quasi autarcie avant de subir les pogroms et les expropriations à grande échelle, prélude à leur extermination. Barrie Kosky et son décorateur Rufus Didwiszus ont imaginé une imbrication verticale de meubles et d'armoires qui renvoie à l'idée d'un peuple toujours en partance vers un ailleurs où il transportera son identité et son histoire.
De la foule de personnages qui habite ce décor, la narration s'intéresse à la famille du laitier Tevje qui doit marier trois de ses filles. Malgré les efforts de Yente, l'entremetteuse, la sacro-sainte tradition sera mise à l'épreuve puisqu’aucune des trois ne se mariera selon les vœux du père. Zeitel refusera la proposition du boucher Lazar Wolff pour épouser le modeste tailleur Mottel Kamzoil, Hodel tombera amoureuse du révolutionnaire Perchik. Cependant, Tevje ne pourra pas concéder à Chava qu'elle épouse Fyedka, un non juif. Devant le refus de son père, celle-ci quitte le foyer familial et tourne le dos à sa religion. À cet événement s'ajoutent les persécutions qui débutent et finiront par disperser la communauté, obligée de s'exiler dans des contrées plus accueillantes.
On lit dans ce travail les codes et les clés qui ont fait le succès d'autres comédies musicales que Barrie Kosky a montées à Berlin, comme Les Perles de Cléopâtre, Ball im Savoy, West Side Story ou de productions lyriques aussi diverses que les Meistersinger ou Dardanus. La magie du spectacle vient principalement de la façon dont sont gérés les mouvements de foule et les chorégraphies d’Otto Pichler dans des espaces exagérément contraints – le chœur Tradition, la fête de mariage Mazel Tov ou bien la terrifiante Grandma Tzeitel (Valérie Zaccomer) sortant de sa tombe avec son cortège de spectres.
La seconde partie glisse imperceptiblement vers des thèmes plus graves, avec les incursions récurrentes du « monde de l'extérieur » dont on devine aisément la menace qu'il fait peser sur la communauté. Le mariage secret de Chava avec un chrétien orthodoxe provoque chez Tveje un véritable traumatisme. La neige qui tombe sans discontinuer finit par recouvrir entièrement le vaste espace scénique désormais désert et sur lequel le jeune violoniste vient une dernière fois interpréter le thème du violon sur le toit.
Loin des canons du chant classique, c'est par le sens du théâtre et de la répartie que la distribution fait éclater son talent. Olivier Breitman prête à Tevje des accents d'une simplicité désarmante quand il s'agit de dialoguer avec Dieu ou résoudre des problématiques familiales. Le trio des filles trouve en Neïma Naouri, Marie Oppert et Anaïs Yvoz trois interprètes idéales, avec une ligne de chant naturelle et colorée. Alexandre Faitrouni réussit à donner à Motel Kamzoil les contours de l'amoureux transi et de l'époux attentionné. La mère (Jasmine Roy) et l'entremetteuse (Cathy Bernecker) ont l'abattage et la présence scénique qui font mentir l'appellation de seconds rôles.
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Opéra du Rhin, Strasbourg Le 08/12/2019 David VERDIER |
| Nouvelle production d’un Violon sur le toit de Jerry Bock dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction de Koen Schoots à l’Opéra national du Rhin, Strasbourg. | Jerry Bock (1928-2010)
Un violon sur le toit, comédie musicale en deux parties (1964)
Livret de Joseph Stein, paroles de Sheldon Harnick
Traduction française de Stéphane Laporte
Chœurs de l'Opéra national du Rhin
Orchestre symphonique de Mulhouse
direction : Koen Schoots
chorégraphie : Jerome Robbins (Reprise par Otto Pichler)
mise en scène: Barrie Kosky (Reprise par Esteban Muñoz)
décors: Rufus Didwiszus
costumes: Klaus Bruns
Ă©clairages : Diego Leetz
préparation des chœurs : Alessandro Zuppardo
Avec :
Olivier Breitman (Tevye), Jasmine Roy (Golde), Neïma Naouri (Tzeitel), Marie Oppert (Hodel), Anaïs Yvoz (Chava), Cathy Bernecker (Yente), Alexandre Faitrouni (Motel Kamzoil), Sinan Bertrand (Perchik), Denis Mignien (Lazar Wolff), Gérard Welchlin (Rabbin), Valérie Zaccomer (Fruma-Sarah / Grandma Tzeitel), Bruno Dreyfürst (Un commissaire), Bart Aerts (Fyedka), et les danseurs Davide de Biasi, Damian Czarnecki, Shane Dickson, Zoltan Fekete, Michael Fernandez, Paul Gerritsen, Csaba Nagy, Hunter Jaques, Christoph Jonas, Daniel Ojeda, Marcell Prét, Lorenzo Soragni. | |
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