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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Sixième Symphonie de Mahler par les Berliner Philharmoniker sous la direction de Kirill Petrenko à la Philharmonie de Berlin.
RĂ©serves de puissance
Début 2014, alors qu’il fait partie des favoris pour succéder à Simon Rattle à la tête des Berliner Philharmoniker, Kirill Petrenko annulait au dernier moment sa présence à la tête d’une Sixième de Mahler alors dirigée par Daniel Harding. Maintenant directeur musical de la formation, il reprend cet ouvrage avec une maîtrise impressionnante de l’ensemble.
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À peine monté sur le podium, Kirill Petrenko lance les puissants unissons de ce qui s’apparente à une marche militaire, marqués par des cordes d’une rare raucité, extrêmement compactes et particulièrement rassurantes quant à la santé des Berliner Philharmoniker. Pas de réel mystère lors de la transition des bois, mais une concentration et une énergie bien mises en valeur par une direction de tous les instants. En soutien, les percussions grondent, sans montrer d’excès ni en provenance de la caisse claire, ni aux cymbales.
Les cuivres suivent le mouvement, escortés toujours par le tambour et les cordes, au nombre de cinquante, puisque le chef russe a maintenu un effectif classique de seize premiers violons jusqu’à huit contrebasses. La délicatesse des premiers violons apparaît avec celle, très discrète, des cloches d’alpage en coulisse. Puis au cor s’allie le superbe solo du Konzertmeister Daniel Stabrawa, avant la splendide intervention de la clarinette basse.
La nervosité reprend avec une robuste dynamique par des Berliner parfaitement préparés. À la gravité des contrebasses s’ajoute une homogénéité globale particulièrement prégnante pour le public du parterre. Puis une pause se fait, avant une reprise, comme prévue dans le programme, par l’Andante plutôt que par le Scherzo, un choix déjà fait le chef en 2013 à Munich, où nous savions qu’il suivait malheureusement les préceptes de Del Mar et Kaplan, plutôt qu’Adorno, La Grange ou Füssl.
Placé en deuxième position, comme à l’entrée de l’œuvre au répertoire de l’orchestre, quelques mois seulement après sa création à Essen, ce mouvement lent ne peut être la pause et le moment de latence qu’il crée en troisième ; il se doit donc d’être traité relativement rapidement, sans pathos, comme un ample développement du thème principal. Pas d’excès d’émotion donc, car ici pas plus qu’ailleurs, le chef ne cherche à raconter une histoire, ni celle du héros de Mahler, ni celle d’une symphonie tragique, ni celle de la complexité du compositeur à parvenir à ce que Zweig nommait le « miracle inexplicable de la création. »
Aucun traumatisme dans la coda, mais un moment d’une superbe ampleur, avant un Scherzo qui retrouve, dès les accords initiaux, la tonalité comme l’énergie du premier mouvement. Les Berliner piochent dans leurs réserves de puissance, avec un nouvel impact de cordes phénoménal. Les bois convainquent moins ici, un peu trop aigres dans le mode mineur, tandis que ce mouvement ne parvient pas à trouver de véritable rythme, simple transition vers le Finale.
L’absence de discours philosophique s’illustre à nouveau dès le cri initial du Finale, ni strident, ni trop violent, grand moment d’orchestre prenant le temps de traiter le plus long mouvement purement symphonique de Mahler. Le tuba ressort, puis toujours ces réserves de puissance, cette concentration et cette compacité de l’ensemble, jusqu’à une massive coda, déjà nettement plus précise et passionnante, comme l’intégralité de l’interprétation, que celle donnée par Simon Rattle en juin 2018, alors qu’il laissait le poste de directeur musical, au chef maintenant déjà bien installé au pupitre de la formation berlinoise.
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Philharmonie, Berlin Le 25/01/2020 Vincent GUILLEMIN |
| Sixième Symphonie de Mahler par les Berliner Philharmoniker sous la direction de Kirill Petrenko à la Philharmonie de Berlin. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 6 en la mineur « Tragique »
Berliner Philharmoniker
direction : Kirill Petrenko | |
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