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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 décembre 2024 |
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Première à la Deutsche Oper de Berlin du Songe d’une nuit d’été de Britten dans la mise en scène de Ted Huffman, sous la direction de Donald Runnicles.
Rêve d’un soir d’hiver
Le cycle Britten de la Deutsche Oper se poursuit avec Le Songe d’une nuit d’été, pour une réussite complète, musicale grâce à la distribution portée par le Puck de Jami Reid-Quarell et les voix féminines, ainsi que la direction chambriste de Donald Runnicles ; scénique grâce à la mise en scène fine et onirique de Ted Huffman.
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Les précédents volets du cycle Britten de la Deutsche Oper Berlin montraient déjà un haut niveau d’exécution, à commencer par Mort à Venise repris cette saison avec Ian Bostridge, et le Peter Grimes de 2013 repris notamment trois ans plus tard, sans pour autant atteindre la qualité globale de ce nouveau Midsummer Night’s Dream coproduit avec l’Opéra de Montpellier et découvert là -bas la saison passée.
Déjà très impliqué en fosse lors des ouvrages précités, le directeur musical Donald Runnicles montre à nouveau une parfaite maîtrise du matériau symphonique brittenien, ici l’un des plus chambristes et des plus fins, écrit par un compositeur à l’apogée de son style. Moins accessible que ses opéras plus célèbres, Le Songe trouve une idéale pureté des lignes, parfaitement mise en valeur sans être jamais trop exposée par le chef et un Orchester der Deutschen Oper Berlin des grands soirs, aussi subtil par les cordes que par la délicatesse des harpes ou l’équilibre parfait du célesta.
Sur le plan musical toujours, on ne retrouve d’Occitanie que le contre-ténor, James Hall, précis sur la ligne, sans posséder l’ampleur nécessaire pour tout à fait magnifier sa partie surnaturelle dans la grande salle berlinoise. Le Puck de Jami Reid-Quarrell, sur un filin dans les airs, ajoute à sa présence féérique un chant plein, toujours parfaitement placé, bien distancié dans la couleur de celui plus terrestre du Bottom de James Platt, excellent autant que superbement traité par la dramaturgie, notamment lorsqu’il se transforme en âne en ajoutant simplement deux longues oreilles sur sa tête.
Si cette musique paraît aussi fine et onirique, au risque de perdre tout juste un peu d’humour, c’est aussi et surtout grâce à la production de Ted Huffman. L’ouverture de rideau ne laisse qu’un plateau dépouillé, gris sur fond de scène noir, dans les volutes d’une fumée de laquelle apparaît Puck, dans les airs. Puis l’onirisme se développe par un jeu d’acteur très développé, toujours ajusté, et par quelques éléments de décor, notamment une double échelle, un nuage ou un croissant de lune, juste posés pour contextualiser certaines parties.
Très liés au Berlin début XIXe, les costumes d’Annemarie Woods présentent le magnifique chœur d’enfants de la Deutsche Oper en livrées grises, comme Puck et Obéron, ou comme la Titania agile et claire dans l’aigu de Siobhan Stagg. Annika Schlicht offre elle aussi un superbe registre haut, tandis que des amants, on préfère l’Hermia lyrique de Karis Tucker à l’Helena peu projetée de Jeanine de Bique, et le Theseus nerveux ou le Lysander dynamique de Padraic Rowan et Gideon Poppe, au Demetrius plus posé de Samuel Dale Johnson.
À ces éléments de l’excellent ensemble berlinois, il faut ajouter les artisans, véritables farceurs pour leurs scènes de répétition et de représentation, au dernier acte accompagné de deux géants de papier-mâché. De ces piètres joueurs ressort le Quince éloquent de Timothy Newton, ainsi que le truculent Flute de Michael Kim, pour un rêve que l’on aurait aimé plus long que seulement le temps d’un beau soir d’hiver.
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Deutsche Oper, Berlin Le 26/01/2019 Vincent GUILLEMIN |
| Première à la Deutsche Oper de Berlin du Songe d’une nuit d’été de Britten dans la mise en scène de Ted Huffman, sous la direction de Donald Runnicles. | Benjamin Britten (1913-1976)
A Midsummer Night’s Dream, opéra en trois actes (1960)
Livret du compositeur et de Peter Pears d’après la pièce de Shakespeare
Kinderchor der Deutschen Oper Berlin
Orchester der Deutschen Oper Berlin
direction : Donald Runnicles
mise en scène : Ted Huffman
décors : Marsha Ginsberg
costumes : Annemarie Woods
Ă©clairages : D. M. Wood
chorégraphie : Sam Pinkleton & Ran Arthur Braun (Puck)
préparation des chœurs : Christian Lindhorst
Avec :
James Hall (Oberon), Siobhan Stagg (Tytania), Jami Reid-Quarrell (Puck), Padraic Rowan (Theseus), Annika Schlicht (Hippolyta), Gideon Poppe (Lysander), Samuel Dale Johnson (Demetrius), Karis Tucker (Hermia), Jeanine De Bique (Helena), James Platt (Bottom), Timothy Newton (Quince), Michael Kim (Flute), Patrick Guetti (Snug), Matthew Peña (Snout), Matthew Cossack (Starveling), Markus Kinch (Cobweb), Lola Violetta Haberstock (Peaseblossom), Selina Isi (Mustardseed), Chiara Annabelle Feldmann (Moth). | |
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