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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concerts de l’Orchestre philharmonique de la Scala de Milan sous la direction de Riccardo Chailly, avec la participation du violoniste Renaud Capuçon à la Philharmonie de Paris.
Fuite en avant
Jubilé oblige, Riccardo Chailly dirige principalement Beethoven lors de deux soirées parisiennes, introduites par une ouverture d’Egmont pleine de corps, pour ensuite perdre en majesté avec la Symphonie n° 8 et en retrouver dans la Cinquième, tandis que le lendemain, ni le Concerto pour violon ni les Tableaux de Moussorgski ne trouvent une lecture équilibrée.
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Riccardo Chailly n’avait pas véritablement convaincu lorsqu’en 2011, il avait enregistré avec le Gewandhaus de Leipzig une intégrale des symphonies de Beethoven. Il reprend cette année à Paris une partie des partitions du maître dont on fête les deux cent cinquante ans de la naissance, d’abord avec son orchestre milanais en tournée, puis à la fin de la même semaine, par une Neuvième avec l’Orchestre de Paris.
Le lundi, l’Orchestra Filarmonica della Scala s’affiche déjà presque au complet pour l’ouverture d’Egmont, donnée avec cinq cors et un large effectif de cordes, maintenu pour les symphonies. L’accord initial s’y montre puissant et sombre, tout comme les mesures suivantes aux violons. Puis le hautbois démontre la magnificence de la petite harmonie, suivi de l’excellent basson solo et de la clarinette.
La pièce prend le temps de se développer, marquée de contrastes, en plus d’être portée par une formation de référence, dont l’agilité et la palette ne peuvent masquer les origines latines, notamment chez les cuivres. Juste après, la Symphonie n° 8 tombe dans certains travers du chef, avançant tout droit, sans pause, sans nuance, sans transitions, sans même une réelle démarcation de ses parties. Heureusement, la Cinquième offre en fin de concert bien plus de saveur, notamment dans ses mouvements extrêmes, toujours sans temps mort et jouée par le chef italien comme une fuite en avant, mais avec une véritable maestria.
En regard, le Concerto pour violon le lendemain se montre beaucoup plus faible, car en plus de présenter un orchestre moins soyeux, il expose Chailly, particulièrement peu inspiré par la partition, juste occupé à avancer, au côté d’un violoniste très peu en phase avec cette vision. Renaud Capuçon n’a plus guère à offrir à la partition que du beau son, ce soir même assez limite dans son intonation, sans jamais exalter ni les cadences, ni les pages sans soutien orchestral du Larghetto, ni encore moins un Rondo allegro ni pétillant ni sensible.
Dernière pièce du second programme et non suivie d’un bis – alors que Prometheus s’invitait en clôture du premier programme –, les Tableaux d’une exposition de Moussorgski retrouvent Paris après y avoir été interprétés dans la même orchestration de Ravel quinze jours plus tôt. La grande partition symphonique ne trouve ici qu’un assemblage sans regard, sans délimitation des tableaux par les promenades, ni même gestion impressionnante des masses, à l’instar d’un crescendo de Bydlo qui peine à décoller, ou d’un Vecchio Castello dont ne ressort aucun parfum italien, pas plus que La Grande porte de Kiev, annoncée par une caisse claire peu concernée, ne parvient à marquer, surtout avec une cloche aussi faible pour ses derniers instants.
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Philharmonie, Paris Le 28/01/2020 Vincent GUILLEMIN |
| Concerts de l’Orchestre philharmonique de la Scala de Milan sous la direction de Riccardo Chailly, avec la participation du violoniste Renaud Capuçon à la Philharmonie de Paris. | 27/01/2020
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Egmont, ouverture op. 84
Symphonie n° 5 en ut mineur op. 67
Symphonie n° 8 en fa majeur op. 93
28/01/2020
Ludwig van Beethoven
Concerto pour violon en ré majeur op. 61
Renaud Capuçon, violon
Modest Moussorgski (1839-1881)
Tableaux d'une exposition
Orchestre de Maurice Ravel
Orchestra Filarmonica della Scala - Milano
direction : Riccardo Chailly | |
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