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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production des Huguenots de Meyerbeer dans une mise en scène de Jossi Wieler & Sergio Morabito et sous la direction de Marc Minkowski au Grand Théâtre de Genève.
Pas si muet
Malgré une première saison prometteuse, Aviel Cahn ne parvient pas plus avec Les Huguenots qu’avec les productions précédentes à réussir totalement un spectacle. Si le chant se défend globalement très bien, ni la direction terne de Marc Minkowski ni une mise en scène hors-sujet ne parviennent à exalter le chef-d’œuvre de Meyerbeer.
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Aviel Cahn, depuis son début de saison au Grand Théâtre de Genève, ne parvient toujours pas à combiner musique et scène pour une nouvelle production. Les Huguenots se voient confrontés au même problème. Jossi Wieler et Sergio Morabito tout d’abord, traitent le Grand Opéra comme un gros amalgame, au risque de tout à fait vider le livret de Scribe et Deschamps de sa substance. L’action est donc intégrée dans un Hollywood des années 1930-1950, dans lequel Marguerite serait productrice et réalisatrice.
Aux deux premiers actes, on cherche encore pourquoi Raoul, habillé en Groucho Marx et taché de sang, côtoie des zombies eux aussi rougis par leurs habits. Faut-il y voir, ici ou là , la dualité capitalisme-communisme de la période de chasse aux sorcières d’Edgar Hoover ? Ou peut-être une rivalité du cinéma muet-parlant au moment où les stars d’avant sont remplacées par de nouvelles égéries ? Tout s’épuise et le III ne raconte plus rien, quand les deux derniers tournent à vide, et même au ridicule lorsque la reine finit par danser le French Cancan sur une estrade, juste avant la Saint-Barthélemy.
On fermerait bien les yeux, mais la dramaturgie perturbe aussi le plateau. Car pour un acteur muet, John Osborn impressionne toujours dans un rôle qu’il portait déjà à Bruxelles il y a dix ans, et encore magnifiquement l’an passé à Dresde. Mais si le V démontre une réserve qui lui permettrait sans peine un acte supplémentaire, en plus d’une ligne de chant agile dans le haut du spectre, l’entrée d’un Raoul peureux dénature son premier air, comme son premier duo d’amour.
Moins à l’aise avec les vocalises et le style belcantiste, Ana Durlovski n’est jamais une reine, malgré une stature supérieure aux sopranos lyriques-légers souvent employés aujourd’hui en Marguerite de Valois. L’aigu pincé manque en outre cruellement de legato, là où l’on se réconforte avec le splendide Urbain de Lea Desandre. La jeune chanteuse, vite habillée à la manière du Kid de Chaplin, magnifie par son adresse et sa virtuosité un rôle pour lequel la version longue donnée ici lui offre l’admirable Rondo.
Rachel Willis-Sørensen atteste de moins d’aisance, mais arbore une voix pleine et superbement projetée, éclatante dans la moitié supérieure, avec un grand air du IV lui aussi maintenu. Alexandre Duhamel prête un Nevers d’abord attachant, puis fatigué et gêné dans sa diction au IV. Face aux doutes, le Comte de Saint-Bris de Laurent Alvaro se montre plus puissant et robuste, là où Michele Pertusi, malgré un très bon français, chante Marcel plus dans le style du Philippe II écrit par Verdi pour Paris.
Le Rataplan du chœur masculin s’annonce franchement faiblard, et la scène de massacre n’offre que des chœurs de femmes et d’enfants amplifiés de la coulisse. Maillon fort de la production belge, Marc Minkowski ne retrouve pas en Suisse ses couleurs et sa verve bruxelloise. Il procure un rendu monochrome en première partie, tout juste plus dynamique à partir de l’acte III.
Certes, proposer Les Huguenots dans la ville de Calvin qui les a abrités après les massacres était une très belle idée, mais il reste pour le moment à souhaiter à Aviel Cahn que le très catholique Saint-François d’Assise de Messiaen en clôture de saison soit sa grande réussite.
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Grand Théâtre, Genève Le 26/02/2020 Vincent GUILLEMIN |
| Nouvelle production des Huguenots de Meyerbeer dans une mise en scène de Jossi Wieler & Sergio Morabito et sous la direction de Marc Minkowski au Grand Théâtre de Genève. | Giacomo Meyerbeer (1791-1864)
Les Huguenots, grand opéra en cinq actes
Livret d’Eugène Scribe et Emile Deschamps
Chœurs du Grand Théâtre de Genève
Orchestre de la Suisse Romande
direction : Marc Minkowski
mise en scène : Jossi Wieler & Sergio Morabito
décors & costumes : Anna Viebrock
Ă©clairages : Martin Gebhardt
chorégraphie : Altea Garrido
préparation des chœurs : Alan Woodbridge
Avec :
John Osborn (Raoul de Nangis), Michele Pertusi (Marcel), Ana Durlovski (Marguerite de Valois), Lea Desandre (Urbain), Rachel Willis-Sørensen (Valentine), Laurent Alvaro (Comte de Saint-Bris), Alexandre Duhamel (Comte de Nevers), Tomislav Lavoie (Retz / 3e Moine), Florian Cafiero (Cossé), Vincenzo Neri (Méru / 2e Moine), Donald Thomson (Thoré / Maurevert), Anicio Zorzi Giustiniani (Tavannes / 1er Moine), Rémi Garin (Bois-Rosé / Un valet), Harry Draganov (un archer), Iulia Elena Preda, Céline Kot (Filles catholiques / Bohémiennes), Nauzet Valeron, Peter Baekun Cho, Rodrigo Garcia (Coryphée). | |
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