altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 30 décembre 2024

Nouvelle production d’Elektra de Strauss dans une mise en scène de Krzysztof Warlikowski et sous la direction de Franz Welser-Möst au festival de Salzbourg 2020.

Salzbourg 2020 (3) :
Ă€ bout de souffle ?

© Bernd Uhlig

Le système Warlikowski, qui a largement fait ses preuves dans la tragédie antique à l’opéra, serait-il à l’agonie ? Après des Bassarides très réussies dans ce même Manège des rochers en 2018, le Polonais donne une Elektra poussive, désincarnée et à la distribution problématique. On glanera donc plutôt quelques réussites individuelles, et celle de l’orchestre.
 

Felsenreitschule, Salzburg
Le 16/08/2020
Yannick MILLON
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Bons baisers d’Eltsine

  • Chambre dĂ©sĂ©quilibrĂ©e

  • RĂ©gal ramiste

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Auteur d’une IphigĂ©nie en Tauride, d’une MĂ©dĂ©e ayant marquĂ© les esprits, et plus rĂ©cemment, dans cette mĂŞme Felsenreitschule, de Bassarides de Henze pasoliniennes, Krzysztof Warlikowski apparaĂ®t en roue libre dans Elektra, oĂą il ne fait que ressasser ses obsessions. On sait son fĂ©tichisme pour les salles d’eau, mais Ă©tait-il indispensable d’exiger des douches de centre balnĂ©aire pour ne les actionner que quelques secondes ? L’essentiel du spectacle est ainsi rendu Ă  de l’accessoire.

    Faire d’Oreste un anti-héros écrasé par sa charge s’entend, mais pourquoi l’avoir affublé d’un ridicule pull de Noël et le faire chasser in fine d’imaginaires mouches que le metteur en scène a pris soin d’exposer longuement dans une bien laide vidéo où, de plus en plus hystériques, elles viennent se repaître du sang de Clytemnestre symbolisé par une éclaboussure géante ? Du double assassinat, on ne verra rien, les appartements de plexiglas de la reine, jusqu’alors en pleine lumière, étant plongés dans l’obscurité.

    Aussi appuyée demeure la symbolique de l’eau – enfants se baignant dans la piscine, fantôme d’Agamemnon y pénétrant tout habillé, Oreste osant à peine y tremper les orteils – et celle de trois mannequins d’enfants en tenue de bain, que les servantes rapprochent de Clytemnestre narrant ses cauchemars. Comme si un concept exonérait en outre de direction d’acteurs, les monologues sont désespérément statiques, à peine survolés par des vidéos de nuages.

    Des errances qui s’infiltrent jusque dans la distribution. Car le rôle-titre, en petite robe d’été, souffre des carences vocales d’Ausrine Stundyte, tempérament explosif se frottant depuis son essor international aux rôles les plus écrasants avec un matériau problématique, timbre dur – le premier Allein est à frémir –, trous dans le médium, grave décharné, mais au moins un aigu éclatant.

    Une situation d’autant plus fâcheuse qu’elle fait face à Asmik Grigorian, éblouissante Salomé ici-même, à contre-emploi en Chrysothémis alors qu’elle est parfaitement taillée pour le rôle-titre, d’une féminité volontaire et vitupérant loin de la lumière de l’enfantement et du personnage tout amour campé par Strauss et Hofmannsthal, altéré ici par des aigus trop tranchants.

    Plus convaincante sera la Clytemnestre de Tanja Ariane Baumgartner, à qui l’on confie en prologue parlé, au micro, un monologue de l’Agamemnon d’Eschyle. Ou comment torpiller une volonté de réhabilitation du personnage par un traitement inexistant par la suite dans l’opéra. Reste une belle présence, vibrato ardent et voix de poitrine excellemment dosée. D’un bel impact, d’une sombre ampleur est l’Oreste de Derek Welton, vibrato large mais beau phrasé, aux côtés de l’Égisthe idéalement nerveux de Michael Laurenz.

    La star de la soirée reste pourtant la fosse, où brillent des Wiener en splendeur, ovationnés davantage que leur chef Franz Welser-Möst. Moins erratique que dans Salomé, métronomique jusqu’à nuire à certains éclairs de l’écriture straussienne, l’Autrichien, avec les coupures d’usage, module la partition pour ne pas écraser le plateau, ouvrant les vannes d’une puissance ahurissante dans les seules transitions instrumentales, à la tête de Philharmoniker qui sont ce soir le personnage principal de l’opéra.




    Felsenreitschule, Salzburg
    Le 16/08/2020
    Yannick MILLON

    Nouvelle production d’Elektra de Strauss dans une mise en scène de Krzysztof Warlikowski et sous la direction de Franz Welser-Möst au festival de Salzbourg 2020.
    Richard Strauss (1864-1949)
    Elektra, tragédie en un acte (1909)
    Livret de Hugo von Hofmannsthal d’après Sophocle

    Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
    Wiener Philharmoniker
    direction : Franz Welser-Möst
    mise en scène : Krzysztof Warlikowski
    décors & costumes : Malgorzata Szczesniak
    Ă©clairages : Felice Ross
    vidéo : Kamil Polak
    préparation des chœurs : Ernst Raffelsberger

    Avec :
    Tanja Ariane Baumgartner (Clytemnestre), Ausrine Stundyte (Elektra), Asmik Grigorian (Chrysothémis), Derek Welton (Oreste), Michael Laurenz (Égisthe), Tilmann Rönnebeck (Précepteur d’Oreste), Verity Wingate (la Confidente), Valeriia Savinskaia (la Porteuse de traîne), Matthäus Schmidlechner (Un jeune serviteur), Jens Larsen (un vieux serviteur), Sonja Šarić (la Surveillante), Bonita Hyman (Première servante), Katie Coventry (deuxième servante), Deniz Uzun (Troisième servante), Sinéad Campbell-Wallace (Quatrième servante), Natalia Tanasii (Cinquième servante).

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com