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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Concert des Wiener Philharmoniker sous la direction de Christian Thielemann, avec la participation de la mezzo-soprano Elina GaranÄŤa au festival de Salzbourg 2020.

Salzbourg 2020 (4) :
Évidence brucknérienne

© Kasskara / DG

Programme cousu main pour Christian Thielemann, qui distille un sentiment d’évidence à la fois dans des Wesendonck-Lieder de Wagner n’abusant pas de la filiation tristanienne, malgré une Elina Garanča distante, et dans une Symphonie n° 4 de Bruckner telle une promenade de santé pour des Wiener Philharmoniker qui chantent dans leur arbre généalogique.
 

GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
Le 22/08/2020
Yannick MILLON
 



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  • WagnĂ©rien Ă©mĂ©rite, directeur musical du festival de Bayreuth, Christian Thielemann ne surjoue pas la filiation tristanienne dans les Wesendonck-Lieder, drapĂ© au contraire dans les habits plus lĂ©gers (orchestration de Felix Mottl) des Ă©tudes Ă  l’opĂ©ra que constituent les troisième et cinquième Lieder du cycle. PlutĂ´t que d’épaissir la nuit de Träume et d’appuyer la dĂ©solation de Im Treibaus, l’Allemand leur confère une vie propre et des tempi plus modĂ©rĂ©s qu’en fosse. Les Wiener, souples et nuancĂ©s, rĂ©agissant avec vivacitĂ© aux moindres inflexions de la battue, forment un Ă©crin de rĂŞve pour le chant.

    On reste pourtant circonspect devant Elina Garanča, de belle étoffe quoique absorbée parfois dans le médium (Der Engel). C’est surtout le profil vocal et la couleur qui posent question, Fricka ou Erda davantage qu’Isolde, partition placée très bas sur un pupitre, belle ligne de chant abstraite, plus attentive à l’homogénéité des registres qu’au sens, libre dans le seul Schmerzen, où se déploie à loisir le troisième registre.

    Sans entracte, l’osmose entre chef et orchestre reprend de plus belle dans Bruckner, version traditionnelle de la Romantique (1878 avec le Finale de 1880), dans l’édition Robert Haas, que très peu de chefs pratiquent encore, à une époque où les raisons extra-musicales ont fini par écarter le musicologue, qui eut le malheur d’établir son excellente édition dans les années 1930, alors qu’il soutenait un certain régime scélérat.

    On est ce matin frappé par l’allant des tempi de la Quatrième de Thielemann qui, désormais sexagénaire, aurait tendance à ralentir le pas dans la Septième, et par le naturel d’une battue naguère plus complaisante avec les variations agogiques et les amortis. Surtout, le Berlinois, de culture protestante, sert la musique éminemment autrichienne du compositeur, très rurale et catholique, par le viatique d’un Philharmonique de Vienne, créateur de l’œuvre en 1881, en état de grâce.

    Quatuor de bois d’une infinie délicatesse, prouvant que la relève a parfaitement assimilé la culture sonore des Wiener (ce hautbois divin, timbré petit, cette flûte translucide et très peu vibrée), cinq cors occupant tout l’espace dans la coda du premier mouvement, jeune timbalier dosant parfaitement ses interventions, trompettes mordorées, rien ne manque à l’arrière de l’orchestre.

    Les cordes, elles, brillent toujours par leur mélange inimitable de soyeux et de lumière. On cherchera en vain plus magnifique pupitre d’altos, si sollicités dans l’Andante, sommet de cette interprétation, au cœur de la nature d’une Haute-Autriche plus allusive que descriptive, avec ombres fugaces d’inoffensifs cumulus, mystère des sous-bois et variations hygrométriques au gré des différents sentiers de forêt empruntés.

    Le ranz central d’une scène de chasse plus rêvée que dépeinte dans le Scherzo, les transitions d’un Finale arrondi sans aller jusqu’à chercher une grande ligne wagnérienne qui contredirait trop ouvertement les ruptures du maître de Saint-Florian, tout est évidence, jusqu’à une coda du Finale érigée patiemment, sans à-coup, en un magistral crescendo.




    GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
    Le 22/08/2020
    Yannick MILLON

    Concert des Wiener Philharmoniker sous la direction de Christian Thielemann, avec la participation de la mezzo-soprano Elina GaranÄŤa au festival de Salzbourg 2020.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Wesendonck-Lieder
    Elina GaranÄŤa, mezzo-soprano
    Anton Bruckner (1824-1896)
    Symphonie n° 4 en mib majeur, « Romantique Â»
    Wiener Philharmoniker
    direction : Christian Thielemann

     


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