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CRITIQUES DE CONCERTS |
05 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation du violoniste Gil Shaham à la Philharmonie de Paris.
Chamboule-tout
Pour sa première apparition depuis la crise du Covid-19, Gil Shaham joue avec toujours le même génie un Concerto de Tchaïkovski dont il magnifie particulièrement la cadence. À la direction, Paavo Järvi remplace Tugan Sokhiev, et retrouve son ancienne formation, avec laquelle il porte ensuite deux chefs-d’œuvre de Debussy et Ravel.
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Avec les multiples annulations et modifications liées à la crise sanitaire, choisir un concert aujourd’hui revient à miser au jeu, tant pour savoir s’il aura bien lieu que pour en deviner si y seront joués les bons compositeurs par les bons interprètes. Ainsi de ce programme de fin septembre, d’abord prévu avec Tugan Sokhiev, et pour lequel il ne reste finalement du plan initial que l’Orchestre de Paris et un compositeur, Debussy, pour La Mer plutôt que le Faune.
Le pari était encore plus risqué de miser sur la présence de l’Israélo-américain Gil Shaham, pourtant là ce soir ! Et s’il accroche une corde dès sa deuxième phrase, il élève rapidement le jeu pour atteindre en quelques minutes son niveau d’exception. Il devait donner le Troisième Concerto de Saint-Saëns, que le chef remplaçant ne devait pas connaître, lui préférant alors il Tchaïkovski, au risque là aussi de se mettre en concurrence directe avec la Maison de la Radio, qui avait justement prévu d’accueillir à la direction de cette œuvre le jeudi le père du chef présent devant nous, avec Lozakovich au violon ; là aussi, des changements ont imposé de remplacer le chef, pour ne garder que le soliste et l’œuvre au programme.
C’est donc par le sublime Allegro moderato russe que débute ce concert devant une salle « complète », c’est-à -dire réduite à moins de mille personnes. Par ses gestes et son sourire lorsqu’il écoute les musiciens, Shaham parvient à exalter le retour orchestral héroïque du thème principal, juste avant d’approcher la cadence avec le génie qu’on lui connaît. On pourrait attendre par la suite un caractère plus slave, plus accrocheur ou plus en gravité de la partition, mais le soliste la maîtrise de bout en bout, et Järvi l’accompagne par un orchestre remarquable par ses bois, flûte et hautbois solos en tête.
L’absence d’entracte n’empêche pas les bis, et le violoniste tient à faire d’abord un court discours, afin d’exprimer sa joie de rejouer pour la première fois face à une audience depuis mars, et d’offrir un joli ragtime au nom évocateur d’Isolation Rag, reçu par e-mail du compositeur Scott Wheeler pendant le confinement. Ensuite, l’orchestre fait une pause de quelques minutes en coulisse, puis revient pour deux ouvrages, parfaitement architecturés par le chef, et surtout là encore aptes à mettre en avant les fantastiques bois parisiens.
Plus exposé, le hautbois nous semble encore un peu trop individuel dans un jeu à la qualité pourtant irréprochable, là où la flûte solo, et même les quatre flûtes pour la Suite n° 2 de Daphnis et Chloé éclairent toutes leurs parties. La Mer de Debussy pourrait se montrer plus fougueuse parfois, plus langoureuse aussi, mais Järvi en maîtrise les masses comme les équilibres, sans caractériser particulièrement le côté français de la partition. Il approche de même Daphnis, avec un Lever du jour qui doit évidemment à Wagner, et pourrait rappeler ici l’aurore alpestre de l’ouvrage de Strauss écrit au même moment.
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Philharmonie, Paris Le 30/09/2020 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation du violoniste Gil Shaham à la Philharmonie de Paris. | Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Concerto pour violon en ré majeur, op. 35
Gil Shaham, violon
Claude Debussy (1862-1918)
La Mer, trois esquisses symphoniques
Maurice Ravel (1875-1937)
Daphnis et Chloé, suite n° 2
Orchestre de Paris
direction : Paavo Järvi | |
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