Encore plus russe peut-être que Vengerov, Repin rappelle immanquablement l'impérieuse autorité d'un Oïstrakh. Même sûreté de la tenue d'archet, même lumière dans le son, même calme apparent pour décocher les traits les plus fulgurants, même manière d'aller chercher et de souligner dans l'écriture de Tchaïkovski tout ce qui relève du folklore et tout ce qui relève du romantisme occidental. Il a donné une très impressionnante interprétation du concerto que tous abordent, mais que très peu parviennent à maîtriser et à transcender de cette manière. La justesse est absolue, les tempi toujours intéressants même lorsqu'ils surprennent un peu, et la qualité du jeu absolument impériale en tous domaines. Du violon au plus haut niveau à tous égards.

Découverte en revanche avec le chef Yakov Kreizberg, né à Saint Peterbourg mais vivant en Amérique depuis 1976. Il assume des responsabilités à la tête de maints orchestres internationaux et institutions importantes, tant aux États-Unis qu'en Grande Bretagne et en Allemagne où il est actuellement directeur du Komische Oper de Berlin. Son expérience est donc vaste et l'on sent qu'il est chez lui avec la première symphonie de Mahler dont il donne une interprétation bien claire, plus analytique que passionnelle, très structurée, presque trop, même, au détriment d'un souffle d'ensemble que l'on voudrait plus emporté, plus lié. Mais c'est incontestablement un vrai musicien, qui soigne la spécificité de chaque pupitre, sans nuire à osmose générale et qui trouve les vrais accents et les meilleurs phrasés. L'orchestre a bien répondu. C'est aussi un signe !