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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Première à l’Opéra de Vienne d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski dans la mise en scène de Dmitri Tcherniakov, sous la direction de Tomáš Hanus.
Avant que le rideau ne retombe
Trois jours avant l’annonce, dans la foulée de la décision parisienne, du reconfinement de la population autrichienne, l’Opéra de Vienne avait à peine le temps d’afficher pour la première fois deux représentations d’Eugène Onéguine dans la production modèle de Dmitri Tcherniakov, au cours d’une belle soirée de routine musicale.
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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La saison 2020-2021 de l’Opéra de Vienne n’aura pas fait long feu après la décision du chancelier autrichien Sebastian Kurz de reconfiner à son tour sa population. Ce mercredi, le Staatsoper donnait donc dans ses murs la deuxième représentation seulement de la célèbre production Tcherniakov d’Eugène Onéguine, étrennée au Bolchoï en 2006, vue et captée à Paris deux ans plus tard, sous la direction d’Alexander Vedernikov qui, triste coïncidence, vient de succomber au Covid-19.
Une mise en scène dont la transposition juste et percutante fonctionne à plein, grâce une fabuleuse direction d’acteurs, toujours aussi riche de mille élans contradictoires chez des personnages de chair et d’états d’âme, et où le moindre figurant se voit confier un rôle dramaturgique précis. Une puissance théâtrale qui s’appuie sur la solitude de Tatiana, adossée immobile à sa chaise dans le tourbillon de joie des convives attablés.
Comment oublier en outre cette Olga qui pleure bien tard Lenski, après avoir gaspillé leurs derniers instants ensemble à chercher une boucle d’oreille égarée ? La grande salle à manger tenant lieu de décor unique se pare au III des fastes de l’ascension sociale de Tatiana, sous un énorme lustre brillant de mille feux, face à un Onéguine pathétique, rejeté sans ménagement par les mondains qui n’avaient naguère d’yeux que pour lui.
Les forces musicales offrent en comparaison une forme de routine. Une synchronisation moyenne avec le chœur (philharmonique slovaque) – voire défaillante avec Olga – donne l’impression d’une reprise plutôt qu’une première au Wiener Staatsoper, d’autant que la direction de Tomáš Hanus s’avère plutôt cyclothymique, entre volonté de produire du drame électrisant – duo final – et premier chœur quasi ahané, air de Lenski truffé de silences. Et si les Wiener souffrent du placement des bois en bloc à gauche du chef, dont la battue les incite à surnuancer, on se délecte de ce hautbois d’une infinie mélancolie, de ce cor si trouble de désir contrarié.
Le plateau bénéficie du Lenski au beau lyrisme classique et très nuancé de Bogdan Volkov (qui chante aussi, et en russe, les couplets de Triquet), face à l’Onéguine plein de morgue mais un rien monochrome d’Andrè Schuen, tous deux ayant été déjà vus ensemble dans Così en août à Salzbourg. Arrivée tard sur la production, Nicole Car brille surtout dans le haut du registre en Tatiana au médium parfois trop couvert, aux piani en arrière et à l’élocution floue.
Grémine encore jeune mais sans vrai rayonnement de Dimitri Ivaschchenko, Larina d’Helene Schneiderman et Filippievna de Larissa Diadkova aux belles individualités de timbre (la Niania surtout) mais aux émissions pas idéalement assorties, Olga sans histoire d’Anna Goryachova complètent cette soirée précédant le retour, sur la façade de l’Opéra de Vienne, de l’inscription lumineuse Stumm (muet), symbole de nouveaux abîmes d’incertitude culturelle.
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Staatsoper, Wien Le 28/10/2020 Yannick MILLON |
| Première à l’Opéra de Vienne d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski dans la mise en scène de Dmitri Tcherniakov, sous la direction de Tomáš Hanus. | Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Eugène Onéguine, scènes lyriques en trois actes et sept tableaux (1879)
Livret du compositeur et Konstantin Chilovski d’après Pouchkine
Slowakischer Philharmonischer Chor
Orchester der Wiener Staatsoper
direction : Tomáš Hanus
mise en scène et décors : Dmitri Tcherniakov
costumes : Maria Danilova
Ă©clairages : Gleb Filtchinsky
préparation des chœurs : Jozef Chabron
Avec :
Helene Schneiderman (Larina), Nicole Car (Tatiana), Anna Goryachova (Olga), Larissa Diadkova (Fillipievna), Andrè Schuen (Eugène Onéguine), Bogdan Volkov (Lenski), Dimitri Ivaschchenko (Prince Grémine), Dan Paul Dumitrescu (Zaretski), Eduard Wesener (Monsieur Triquet). | |
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