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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert d’abonnement des Wiener Philharmoniker sous la direction de Zubin Mehta, avec la participation de la soprano Camilla Nylund au Musikverein, Vienne.
Vienne en finit avec 2020
Réduit comme peau de chagrin (une prestation au lieu de quatre, et devant les seuls micros de la radio autrichienne), ce concert d’abonnement du Philharmonique de Vienne avec Zubin Mehta, dont les musiciens assurent les applaudissements, referme, par-delà ses qualités et défauts propres, une année 2020 qu’on espère oublier au plus vite.
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Le 3 décembre 1983, jour du centenaire de la naissance d’Anton Webern, Zubin Mehta donnait déjà au Musikverein des Pièces pour orchestre op. 6 d’une grande subtilité, presque klimtienne par ses reflets dorés, que le disque a conservées (coffret Andante Wiener Philharmoniker et la musique du XXe siècle). Le chef indien en propose aujourd’hui une vision décantée, dont l’abattement latent colle parfaitement à la période que nous vivons.
L’absence de public dans la salle dorée accentue une résonance démultipliée par le ralentissement des tempi, et notamment celui de la seconde pièce, aussi marquée du sceau de la dépression que la première. Mais les Wiener chantent avec l’énergie du désespoir – le hautbois. Cœur de l’œuvre, la Marche funèbre (débaptisée dans cette seconde mouture resserrée de 1928) laisse planer des fantômes (et un cor aux attaques fragiles) dans une lutte perdue d’avance – l’œuvre est hantée par le décès de la mère du compositeur.
Contemplatif et de plus en plus horizontal, le Webern de Mehta dernière manière ne manque pas de couleur ou d’atmosphère, juste un peu de nerf. On verra en revanche à la salle vide au moins un avantage, celui du silence, la musique du compositeur viennois, souvent très ténue, s’accommodant mal des toux intempestives.
Cette dimension extatique contaminera les Quatre derniers Lieder de Strauss, d’une belle souplesse sinon toujours d’une grande précision – le cor à nouveau –, Im Abendrot en traité de sfumato orchestral. Las, la voix de Camilla Nylund est aujourd’hui trop abîmée pour ce chef-d’œuvre de délicatesse. Ligne alourdie par un vibrato envahissant, attaques en retard et par dessous, legato paresseux, on est loin de la précision mozartienne requise. La fièvre, le sentiment et le naturel du vibrato seront ce matin l’apanage du merveilleux violon solo franco-russe Fedor Rudin, petit-fils du compositeur Denisov. Excellente pioche pour le Philharmonique de Vienne.
Quelques rires à l’installation du chef, et Ainsi parlait Zarathoustra se lance sans entracte, geste ample, angles émoussés, Ceux des arrière-mondes chantant aussi éperdument que les vingt-trois cordes solos des Métamorphoses, quand De la science s’englue dans le surplace. Heureusement, les vents pépient à qui mieux mieux dans la volière du Convalescent, promettant une vivacité qui s’essoufflera bien vite dans Le Chant de la danse, trop installé au fond du fauteuil, malgré un Konzertmeister là encore rayonnant.
Le Musikverein, qui en a fini avec 2020, rouvrira ses portes le 1er janvier prochain, pour le quatre-vingtième anniversaire du Concert du Nouvel An. Avec Riccardo Muti… mais à nouveau sans public.
[Commentaire réalisé d’après le streaming en direct sur la radio Ö1.]
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GroĂźer Musikvereinsaal, Wien Le 13/12/2020 Yannick MILLON |
| Concert d’abonnement des Wiener Philharmoniker sous la direction de Zubin Mehta, avec la participation de la soprano Camilla Nylund au Musikverein, Vienne. | Anton Webern (1883-1945)
Sechs StĂĽcke fĂĽr Orchester op. 6
Version révisée de 1928
Richard Strauss (1864-1949)
Vier letzte Lieder
Camilla Nylund, soprano
Also sprach Zarathustra
Wiener Philharmoniker
direction : Zubin Mehta | |
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