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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Rigoletto de Verdi dans une mise en scène de Richard Brunel et sous la direction d'Alexander Joel à l'Opéra National de Lorraine.
Dirty dancing
Richard Brunel dĂ©place Rigoletto dans l'univers de la danse classique, avec la prĂ©sence exceptionnelle d'Agnès Letestu dans le rĂ´le muet de la mère de Gilda, aux cĂ´tĂ©s de la talentueuse RocĂo PĂ©rez et de Juan JesĂşs RodrĂguez dans le rĂ´le-titre, tandis qu'Alexander Joel donne Ă l'Orchestre de l’OpĂ©ra national de Lorraine une couleur dramatique idĂ©ale.
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Le projet de Richard Brunel de conjuguer dans sa mise en scène de Rigoletto l'opéra avec l'univers de la danse permet de souligner la rigueur et la fatalité du destin, la quête infinie de perfection. Le bouffon tragique a revêtu les habits du maître de ballet dont la haute stature tranche ici avec l'habituel profil de nain boiteux… seule une discrète genouillère trahit le probable accident qui a précipité la carrière et contraint à céder la place au jeune et sémillant Duc de Mantoue qui lui dispute les talents de chorégraphe en chef.
La sublime Agnès Letestu relève avec panache le défi d'incarner la mère de Gilda, danseuse Étoile dont le fantôme hante le plateau, un rêve et une hallucination seulement visibles par Rigoletto. Le décor d'Étienne Pluss joue sur des emboîtements d'espaces montrant tour à tour les coulisses d'un théâtre, la salle de répétition et la loge étroite dans laquelle le bouffon dissimule sa fille.
Tout renvoie à cette périphérie du spectacle et ces lieux où se prépare la performance – des lieux qui servent de refuge et de royaume intime à Rigoletto qui vient y pleurer la mort de sa femme tandis que le Duc multiplie les frasques sexuelles, abusant des danseuses dont il a la charge et s'attirant la haine de Monterone dont il a séduit et abandonné la fille.
Les courtisans, quant à eux, sont remplacés par ces équipes techniques qui miment comiquement la troupe de danseurs dans Scorrendo uniti remota via. La thématique de la danse s'épuise progressivement et le dernier acte justifie assez mal la question, en imposant à Agnès Letestu de virevolter dans la scène de l'orage tandis que Sparafucile observe placidement Gilda se planter toute seule le poignard dans le ventre. Elle sort du sac vêtue d'une tenue de danseuse, emportée vers l'arrière-scène par sa mère, laissant Rigoletto avec sa douleur.
En effectif restreint pour raison sanitaire, l'orchestre recourt Ă une rĂ©duction signĂ©e FrĂ©dĂ©ric Chaslin qui permet Ă Alexander Joel d'exprimer toute l'urgence et la vigueur de l'Ă©criture musicale. La fosse sollicite de belle manière un plateau oĂą triomphe la Gilda Ă©lĂ©gante et virtuose de RocĂo PĂ©rez, capable dans Gualtier Maldè de dĂ©ployer une ligne souple et chatoyante dans l'aigu.
Le Duc de Mantoue est confiĂ© aux bons soins d'Alexey Tatarintsev qui signe une incarnation tantĂ´t sanguine (Questa o quella) ou bien carrĂ©ment furibonde (La donna è mobile). Juan JesĂşs RodrĂguez dĂ©barrasse le personnage de Rigoletto des histrionismes de jeu et de couleur vocale qui en ternissent rĂ©gulièrement l'expression. Son Cortigiani, vil razza est très exposĂ© mais rĂ©ussit Ă faire briller la force et le courroux.
Francesco Salvadori est un Marullo de premier plan, suivi de près par la Maddalena vigoureuse de Francesca Ascioti. On réservera de longs applaudissements à Önay Köse, dont la ligne noire, puissante et féroce fait de Sparafucile un lointain cousin de Fafner ou Hagen.
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Opéra de Lorraine, Nancy Le 22/06/2021 David VERDIER |
| Nouvelle production de Rigoletto de Verdi dans une mise en scène de Richard Brunel et sous la direction d'Alexander Joel à l'Opéra National de Lorraine. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Rigoletto, opéra en un prologue et trois actes (1851)
Livret de Francesco Maria Piave d’après Le Roi s’amuse de Victor Hugo
Choeur et Orchestre de l’Opéra national de Lorraine
direction : Alexander Joel
mise en scène : Richard Brunel
décors : Étienne Pluss
costumes : Thibault Vancraenenbroeck
Ă©clairages : Laurent Castaingt
chorégraphie : Maxime Thomas
Avec :
Juan JesĂşs RodrĂguez (Rigoletto), Alexey Tatarintsev (Il Duca di Mantova), RocĂo PĂ©rez (Gilda), Ă–nay Köse (Sparafucile), Francesca Ascioti (Maddalena), Aline Martin (Giovanna), Pablo Lopez (Monterone), Bo Zhao (Matteo Borsa), Samuel Namotte (Il Conte di Ceprano), Francesco Salvadori (Marullo), Jue Zhang (La Contessa di Ceprano), Inna Jeskova (Il Paggio), Agnès Letestu (La mère de Gilda), Adèle Borde, Eliot Chevalme, Gianni Illiaquer, RĂ©my Kouadio, Olivia Lindon, JosĂ©phine Meunier (danseurs). | |
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