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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital de Boris Berezovsky au Festival International de piano de La Roque-d’Anthéron 2021.
La Roque 2021 (3) :
Berezovsky et la chauve-souris
Tardivement arrivé à Beethoven, Boris Berezovsky livre à la Roque-d’Anthéron deux premières sonates toutes de délicatesse, avant de faire briller sa dextérité dans l’extrait des Années de Pèlerinage de Liszt, Venezia e Napoli. Radieux en fin de concert, il livre quatre bis, tous de jazz, afin de fêter l’anniversaire du maître de soirée, René Martin.
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Le temps où Boris Berezovsky caricaturait un jeu à la russe au point de parfois casser des cordes ou souvent désaccorder le piano est maintenant loin, et s’il est revenu à son plus haut niveau ses dernières années, c’était encore régulièrement dans des programmes slaves, composés notamment d’œuvres de Scriabine et Rachmaninov.
L’âge aidant, il s’attèle maintenant à une passion nouvelle : Beethoven. Et plutôt qu’en proposer à la Roque-d’Anthéron ses chefs-d’œuvre de fin de vie, comme le jeune Tanguy de Williencourt deux jours plus tôt ou son compatriote Nikolaï Lugansky deux jours plus tard avec l’ultime Sonate op. 111, Berezovsky commence par le début et les deux premières sonates de l’Opus 2. À peine entré et alors que le public parle encore, le pianiste russe se lance dans Première Sonate et ses arpèges mozartiens, pour en délivrer un Allegro d’une pure délicatesse, tout juste parfois volontairement accentué sur la partie grave.
L’ouvrage achevé et Berezovsky à peine levé pour saluer, il se rassied aussitôt pour lancer dans l’instant la Sonate n° 2 du même opus par un Allegro vivace de la même dextérité. Toujours dynamisé par la main droite, le jeu présente un legato jamais trop prononcé et une lecture aérée, bien que le toucher reste appuyé, fidèle à l’école russe. Le Largo appassionato utilise plus de verticalité, marquée par une main gauche et une pédale bien soupesée, avant un Scherzo puis un Rondo impeccablement dynamisés.
Lui qui a déjà tant à raconter dans les premières pièces matures de Beethoven aborde avec la même facilité un autre artiste germanique, par le biais du Supplément à son voyage en Italie, pendant la Deuxième Année de pèlerinage à Venise et Naples de Liszt. D’une Gondoliera moirée, sibylline dans la clarté de l’aigu, à une Tarantella souple à en faire danser le joli vampire en chasse toute la soirée dans la lumière du piano, Berezovsky livre une interprétation fluide et rapide de très haut vol de ces extraits que l’on aurait aimé plus abondants.
Le visage enchanté, il annonce en bis Child is born d’Oscar Peterson pour cadeau d’anniversaire du directeur du festival, René Martin, puis continue avec le Tigger rag d’Art Tatum, enchaîné avec Tea for two de Toumans. Parfaitement libérés malgré le fait d’être joués par un pianiste classique, ces bis comme le dernier, Oh Danny Boy, feraient presque penser à inviter l’artiste l’été prochain au festival Jazz in Marciac, même si on aurait pu souhaiter pour notre part à l’Auditorium du Parc entendre encore sous ce génial doigté une pièce de l’un des deux compositeurs initialement programmés.
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Auditorium du Parc, La Roque-d'Anthéron Le 02/08/2021 Vincent GUILLEMIN |
| Récital de Boris Berezovsky au Festival International de piano de La Roque-d’Anthéron 2021. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate n° 1 en fa mineur, op. 2 n° 1
Sonate n° 2 en la majeur, op. 2 n° 2
Franz Liszt (1811-1886)
Venezia e Napoli (Années de pèlerinage)
Boris Berezovsky, piano | |
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