altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production du Vaisseau fantôme de Wagner dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction d’Oksana Lyniv au festival de Bayreuth 2021.

Bayreuth 2021 (1) :
Le Hollandais violent

© Enrico Nawrath / Bayreuther Festspiele GmbH

Lecture radicale pour ce Vaisseau fantôme sans mer ni damnation, expurgé par Dmitri Tcherniakov de tout amour sacrificiel au profit des règlements de compte d’une famille dysfonctionnelle. Parfaitement maîtrisé, idéalement servi par tous les interprètes, le projet emporte l’adhésion sans tout à fait se départir d’une tonalité cérébrale et glaçante.
 

Festspielhaus, Bayreuth
Le 04/08/2021
Thomas COUBRONNE
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Bons baisers d’Eltsine

  • RĂ©gal ramiste

  • L'Étrange NoĂ«l de Mrs Cendrillon

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Romantische Oper. La difficultĂ© dans tous les « jeunes Â» Wagner, c’est de faire parler l’élĂ©ment romantique, qui consiste souvent en un enjeu moral, dans un monde moderne autoproclamĂ© amoral. La solution de Tcherniakov est fidèle Ă  ses habitudes : en introduisant des relations inĂ©dites entre les personnages, il cherche Ă  revivifier l’enjeu par une vraie incertitude sur le dĂ©nouement. Il choisit ici – non sans finesse, puisqu’on ne sait pas dans quelle mesure le prologue rĂŞvĂ© est la rĂ©alitĂ© – de faire de la lĂ©gende du Hollandais un piège utilisĂ© par ce dernier pour se venger de la population de la ville de son enfance oĂą il a Ă©tĂ© traumatisĂ© par le supposĂ© rejet de sa mère (Mary).

    Maintes ambiguïtés évitent la lourdeur d’une lecture plaquée : d’abord, Mary est-elle sa mère ou n’y a-t-il qu’un écho entre les deux femmes ? Elle ne semble pas le reconnaître, il ne lui prête que peu d’attention… Ensuite, quel mal lui a été fait ? Une relation toxique avec Daland – mais ils vivent rangés en un ménage bourgeois depuis – et une mise au ban de la société ? Elle qui dirige aujourd’hui la chorale (scène des fileuses) dans une ambiance amicale ? N’est-ce pas plutôt de la paranoïa ?

    On guette le dénouement brutal de cette intrigue resserrée, névrosée, aux relations complexes et pas téléphonées – la parenté entre l’élément perturbateur Senta et le chef du groupe Mary, le fulgurant repas de famille dysfonctionnelle parfaitement huilé –, où les monologues du Hollandais sont des palabres au pub. Mais il est vrai que cette lecture ménage moins de moments d’émotion inattendus, de tragique nouveau que d’autres productions récentes du metteur en scène. Les sentiments de Senta, adolescente rebelle mal dans sa peau, restent loin de toute abnégation, le salut n’est qu’un mot oublié sitôt prononcé, et le résultat est aussi noir que froid.

    L’équipe musicale joue totalement le jeu, Daland guindé du toujours exquis Georg Zeppenfeld, Mary en distinction et charme de Marina Prudenskaya – pas une matrone mais une vraie femme passionnée qui a mûri –, Erik tout en morbidezza de Eric Cutler, échoué dans le mauvais village et avec le mauvais béguin, et au besoin Doppelgänger du Hollandais, Senta fracassante, autoritaire et fantasque de Asmik Grigorian, voix qui paradoxalement se durcit avec les années, en même temps que ses attaques s’amollissent, et John Lundgren en Hollandais massif, instrument noir et creusé mais qui allège jusqu’au hagard.

    Le chœur, à demi figurant, à demi en coulisses, fabuleux de plasticité (les dames du II), sauf dans les décalages de la terrible virtuosité du III, et les débuts à Bayreuth manu militari d’une Oksana Lyniv qui lorgne parfois vers l’opéra italien parachèvent une partie musicale non exempte d’accidents mais en parfaite adéquation avec un projet aussi méthodique que cruel.




    Festspielhaus, Bayreuth
    Le 04/08/2021
    Thomas COUBRONNE

    Nouvelle production du Vaisseau fantôme de Wagner dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction d’Oksana Lyniv au festival de Bayreuth 2021.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Der fliegende Holländer, opéra romantique en trois actes (1843)
    Livret du compositeur

    Chor und Orchester der Bayreuther Festspiele
    direction : Oksana Lyniv
    mise en scène & décors : Dmitri Tcherniakov
    costumes : Elena Zaytseva
    Ă©clairages : Gleb Filshtinski
    préparation des chœurs : Eberhard Friedrich

    Avec :
    Georg Zeppenfeld (Daland), Asmik Grigorian (Senta), Eric Cutler (Erik), Marina Prudenskaya (Mary), Attilio Glaser (Der Steuermann), John Lundgren (Der Holländer).

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com