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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise au festival d’été de Tosca de Puccini sous la direction de Marco Armiliato et dans la mise en scène de Michael Sturminger étrennée au festival de Pâques de Salzbourg.
Salzbourg 2021 (6) :
Vous avez dit classique ?
Une Tosca de Salzbourg 2021 consensuelle : beau plateau, orchestre sublime, mise en scène maîtrisée. Pas de surprise, pas de ratés, de quoi combler les amateurs de mises en scène conventionnelles et de distributions glamour. On repassera pour un éclairage personnel sur une œuvre qui se laisse néanmoins apprécier comme on revoit un bon film noir.
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Il y a une forme de modestie chez Michael Sturminger qui, non sans intelligence, se base sur l’esthétique de l’époque de Puccini pour ne pas plaquer un regard artificiel et anachronique. S’il transpose, c’est dans le cadre de la théâtralité conventionnelle de l’œuvre et pour la rendre plus parlante à notre temps dans sa dimension tragique au sens grec – le personnage qui se perd en croyant se sauver.
Cette humilité ne va pas sans un certain conformisme, les rares audaces consistant en l’exécution de Tosca par le survivant Scarpia, une mise en cause relativement appuyée de l’Église, culminant dans une scène subversive où les malfrats initient les enfants du pensionnat au maniement des armes. Ce peloton-là a quelque-chose d’aussi actuel qu’insupportable.
Pour le reste, les emprunts au cinéma (Coppola, Scorsese, Sorrentino) sont plus ou moins aboutis. L’univers de la pègre fait parfois sourire : la fusillade dans le parking, téléphonée ; les mitrailleuses à la main dans l’église, cliché ; le vélo d’appartement à la descente duquel l’indélicat parrain Scarpia s’habille sans passer par la douche pour un rendez-vous galant, trop ou pas assez réaliste.
C’est surtout la direction d’acteurs qui tâtonne, dès la première scène entre Tosca et Cavaradossi, guère empoignée, ni passionnée ni mondaine. Puis tout ce qui touche à Scarpia qui tarde à être inquiétant. Difficile de faire émerger un méchant d’un Ludovic Tézier bonhomme, tout en beau chant, qui malgré son cœur à l’ouvrage reste bien sympathique. Que la diction est belle, que la ligne de chant est soignée ! Mais que la cruauté n’est pas son apanage naturel…
Yusif Eyvazov est une belle surprise dans un Cavaradossi qui force l’empathie : le timbre n’est pas exceptionnel, et certains sons très clairs peuvent manquer de rondeur ou de dramatisme, mais il paie comptant, s’expose à toutes les difficultés du rôle (techniques et musicales) avec franchise et maîtrise de son instrument, qu’il s’agisse des grands aigus lumineux et toutes vannes ouvertes, vaillamment tenus, ou des nuances délicates, sensibles, vibrées et chantées léger.
Anna Netrebko séduira à condition de goûter cette matière tout en rondeurs. Malgré l’efficacité d’un chant nuancé et endurant, nous garderons quelques réserves sur cet emploi alourdi d’un instrument qui nous a toujours paru plus léger, dont les grands aigus ne sont plus la zone la plus éclatante, prix à payer peut-être d’une émission élargie, comme le sont pas mal de voyelles sacrifiées. La sensualité et le feu sont là , à défaut de fragilité, peut-être.
Saluons enfin la prestation impressionniste et expressionniste à la fois de Wiener Philharmoniker en état de grâce sous la baguette moderniste de Marco Armiliato : a-t-on jamais entendu pareilles textures transparentes, pareilles doublures ici mahlériennes, là ravéliennes, pareil jeu de harpes, de flûtes, pareille suavité des cordes, pareille souplesse agogique ? Peut-être la tragédie manque-t-elle ici ou là d’ossature rythmique, le chef sculptant davantage la matière et la couleur que la forme, mais cette Tosca arbore ses plus beaux atours contemporains.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 24/08/2021 Thomas COUBRONNE |
| Reprise au festival d’été de Tosca de Puccini sous la direction de Marco Armiliato et dans la mise en scène de Michael Sturminger étrennée au festival de Pâques de Salzbourg. | Giacomo Puccini (1858-1924)
Tosca, melodramma en trois actes (1900)
Livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa d’après la pièce de Victorien Sardou
Salzburger Festspiele und Theater Kinderchor
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Wiener Philharmoniker
direction : Marco Armiliato
mise en scène : Michael Sturminger
décors & costumes : Renate Martin & Andreas Donhauser
éclairages : Urs Schönebaum
préparation des chœurs : Wolfgang Götz & Ernst Raffelsberger
Avec :
Anna Netrebko (Tosca), Yusif Eyvazov (Mario Cavaradossi), Ludovic Tézier (Scarpia), Michael Mofiian (Cesare Angelotti), Matteo Peirone (Sagrestano), Mikeldi Atxalandabaso (Spoletta), Rupert Grössinger (Sciarrone), Alexaner Köpeczi (Un carceriere), Daniel Fussek (Un pastore). | |
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