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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction de Kirill Petrenko au festival de Salzbourg 2021.
Salzbourg 2021 (9) :
Leçon de domptage
Une heure et demie à peine après la fin du choc Nono, il faut reprendre le chemin de la salle de concert pour le détour annuel des Berliner à Salzbourg. Dans un programme de la plus haute cohérence, Kirill Petrenko convainc nettement plus dans Weber et Hindemith que dans Schubert, face à un orchestre transcendant d’un bout à l’autre de la soirée.
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Difficile de reprendre ses esprits après la bombe Luigi Nono du Manège des rochers. Hasard et nécessité du calendrier, il faut se mettre en route vers les Berliner, qui s’apprêtent à rentrer en scène à 21h, nuit noire et ciel toujours aussi incertain tombés sur Salzbourg. Bonne nouvelle, finie la distanciation physique de 2020 qui avait entamé la cohésion de l’orchestre. Le Philharmonique de Berlin a retrouvé sa superbe, et se promène ce soir avec une élégance racée et déconcertante dans les pages les plus périlleuses.
Cohésion du programme là aussi, autour du premier romantisme, Hindemith congénitalement lié à Weber par ses thèmes générateurs. Dès le solo de cor qui entame l’ouverture d’Obéron, les fées sont à l’œuvre. Souplesse, couleurs diaphanes, le songe shakespearien fonctionne à plein, sonorités magiques garanties par un chef ludion très à l’aise dans cet univers. Et l’Allegro con fuoco de se lancer en trombe, les musiciens comme pris au dépourvu pendant une fraction de seconde.
Dans les Métamorphoses symphoniques sur des thèmes de Weber de Hindemith, un Petrenko espiègle fait feu de tout bois, non sans une certaine causticité. Un peu au ras des notes dans l’Allegro initial, le maestro russe organise sa dramaturgie à grande échelle dans le scherzo de Turandot, chaque pupitre brillant tout son saoul dans le fameux motif martelé jusqu’aux timbales.
Emmanuel Pahud ne fait qu’une bouchée du redoutable solo final de l’Andantino, aux éclairages subtilement variés, enchaînés sur une Marche sans outrances, se permettant ici ou là quelques libertés dans les appuis, l’orchestre comme à la parade. Après l’entracte, si les Berliner restent enthousiasmants de plasticité, la Grande Symphonie de Schubert déroute.
Dès le portique initial des deux cors, la sauce ne prend pas, battue fonctionnelle, qui cherche avant tout à propulser l’orchestre en avant coûte que coûte, dans un Allegro ma non troppo que Petrenko souhaiterait à la mesure, au risque d’affaiblir l’articulation. Surtout, certains choix n’observent aucune nécessité dramatique, comme ces épisodes à trois trombones, dont le pianississimo épate la salle, mais pour quel gain réel vis-à -vis de Schubert ?
L’Andante con moto, sobre, d’un certain détachement même, se déroule, imperturbable, sans que le cœur ne se serre un instant sur le second thème, d’une beauté purement plastique, d’autant que la battue nivèle les transitions, souvent à plat, pour laisser éclater soudain un climax démesuré que n’aurait pas renié un Bernstein.
Nulle atmosphère vraiment champêtre dans le Scherzo, mais de multiples préciosités sur les levées, et des équilibres défaillants dans le Trio, hautbois et clarinette trop effacés derrière les trombones. Le charme est rompu, et le Finale, vélocissime, où comme dans les trois mouvements précédents, Petrenko cherche à faire jouer les Berliner plus leggierissimo que sous Rattle, souffre de la même élasticité de la mesure, avant de foncer vers la coda, où l’on se pâme d’extase devant le grain jouissif des cordes à l’unisson sur les do répétés. Une leçon de domptage orchestral assurément, mais une grande Neuvième de Schubert ?
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 29/08/2021 Yannick MILLON |
| Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction de Kirill Petrenko au festival de Salzbourg 2021. | Carl Maria von Weber (1786-1826)
Obéron, ouverture (1826)
Paul Hindemith (1895-1963)
Métamorphoses symphoniques sur des thèmes de C.M. von Weber (1944)
Franz Schubert (1797-1828)
Symphonie n° 9 en ut majeur D 944 (1825)
Berliner Philharmoniker
direction : Kirill Petrenko | |
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