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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 novembre 2024 |
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Nouvelle production de Fidelio de Beethoven dans une mise en scène de Cyril Teste et sous la direction de Raphaël Pichon à l’Opéra Comique à Paris.
Fidelio en péril
En utilisant la vidéo pour sa vision du Fidelio de Beethoven, le metteur en scène Cyril Teste met au centre de l’œuvre le personnage de Leonore, omniprésente tout au long de la soirée. Sa lecture du pouvoir des images n’en est pas pour autant très approfondie, tandis que pour sa première incursion en territoire beethovénien, Pygmalion apparaît en danger.
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Lights, camera, action !
Vigueur et courants d’air
En passant par la mort
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Mettre en scène Fidelio, c’est présenter une histoire dont l’universalité et les résonnances avec l’actualité s’imposent d’elles-mêmes. Pour la rentrée de l’Opéra Comique, Cyril Teste présente une lecture transposée à notre époque. Comme pour son Hamlet dans le même théâtre, il a recours à la vidéo tout au long de son spectacle. Alors que retentit l’ouverture, des écrans s’allument en bord de scène et le titre de l’œuvre s’y affiche. S’ensuit un film de l’arrestation de Florestan passé à tabac par les forces de l’ordre, en plans serrés à l’opposé de la musique lumineuse évoquant Leonore, présente aussi à l’écran.
Le rideau se lève sur la prison, ici un établissement de haute sécurité impeccable où tout ce qui se passe vient ridiculiser l’intention de réalisme. Le I a pour accessoire pivot une petite table roulante ! Elle permet de transporter des cartons dans une ambiance de relais colis, de ramasser une quantité impressionnante d’or et d’objets lors d’une fouille surprise, de distribuer plateaux repas puis champagne pour Pizzaro, et devient enfin bibliothèque ambulante. Au II, de délicats voilages viennent encadrer la cellule de Florestan. Une prison modèle où les gardes se déplacent moins bien que dans un méchant téléfilm, et où les détenus sont vêtus d’un uniforme de couleur prune du plus joli effet. L’omniprésente vidéo par le biais d’un caméraman deviendra une arme pour Leonore face à Pizzaro : qui maîtrise les images détient le vrai pouvoir !
Dans la fosse, Raphaël Pichon entraîne son orchestre à fond de train, dans un mouvement brownien qui semble avoir peur de la fragmentation, danger réel de cette œuvre alternant scènes et dialogues parlés (ici plutôt bien ramassés). Cette impulsion perpétuelle à la place de véritables phrasés empêche la respiration. Les chanteurs valeureux peinent du reste à trouver la leur dans les ensembles. Ce soir de première, Pygmalion sonne en péril. Non seulement pour les cors naturels mais aussi pour les cordes.
L’effectif, la belle acoustique permettent d’entendre tous les problèmes d’intonation et de décalages. Mais le plus gênant reste que dans cette réalisation, les grandes modulations du mineur au majeur, si émouvantes dans cet opéra, s’entendent à peine. La direction musicale minimise les ombres menaçantes et les fragilités des rayons de lumière, hautement symboliques de la construction beethovénienne. Les chanteurs et le chœur offrent heureusement davantage de satisfactions.
On distingue la Marcelline de Mari Eriksmoen, au timbre fruité, et surtout le Rocco d’Albert Dohmen, trésor d’économie et de style. Michael Spyres chante un Florestan d’une belle intensité, sans trouver pour le moment une incarnation personnelle. Souffrante, la soprano Siobban Stagg, voix plus légère que de coutume en Leonore, joue sur scène tandis que l’Anglaise Katherine Broderick venue à la rescousse le matin même chante en fosse. Son grand soprano est celui d’une wagnérienne aguerrie qui a conservé une belle souplesse. Bousculée par les tempos du chef, elle illumine la représentation le temps de son Abscheulicher, évoquant tout à tour les mugissements des vagues, la colère et la rage, et l’arc-en-ciel. Toute une progression poétique absente ailleurs ce soir.
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Opéra Comique - Salle Favart, Paris Le 25/09/2021 Thomas DESCHAMPS |
| Nouvelle production de Fidelio de Beethoven dans une mise en scène de Cyril Teste et sous la direction de Raphaël Pichon à l’Opéra Comique à Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Fidelio, Singspiel en deux actes (1814)
Livret de Joseph Sonnleithner et Georg Friedrich Treitschke
Pygmalion
direction : Raphaël Pichon
mise en scène : Cyril Teste
décors : Valérie Grall
Ă©clairages : Julien Boizard
vidéo : Mehdi Toutain-Lopez
Avec :
Katherine Broderick (Fidelio), Michael Spyres (Florestan), Mari Eriksmoen (Marcelline), Albert Dohmen (Rocco), Gabor Bretz (Don Pizarro), Christian Immler (Don Fernando), Linard Vrielink (Jaquino), Constantin Goubet (Premier prisonnier), René Ramos Pemier (Second prisonnier). | |
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