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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre national de France sous la direction de Cristian Măcelaru avec la participation du violoniste Leonidas Kavakos à l’Auditorium de Maison de la Radio, Paris.
Réserve et distanciation
Lenteur et réserve ont caractérisé le concerto de Tchaïkovski de Leonidas Kavakos qui ramène l’œuvre vers un folklore originel un peu âpre. En complément de programme, le chef Cristian Măcelaru refuse le sarcasme au monde ambivalent de Chostakovitch mais offre toute latitude aux esprits déchainés du Palais hanté de Florent Schmitt.
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Artiste en résidence à Radio France pour la saison qui vient de débuter, le violoniste Leonidas Kavakos a présenté le concerto de Tchaïkovski pour son premier concert dans ce cadre. À sa sonorité dense issue d’un vibrato serré et bien contrôlé, l’Orchestre national de France répond par des interventions un peu crues dans l’Allegro moderato initial. Les vents sonnent particulièrement durs et l’ensemble a un côté rustique inattendu. Son directeur musical, Cristian Măcelaru, rectifie le tir à partir de la Canzonetta. L’accompagnement de l’orchestre se fait à la fois plus précis et parfaitement dosé en termes de dynamique. Flûte et clarinette brillent particulièrement.
Le violoniste grec semble quant à lui retranché dans un monde intérieur authentique mais peu chantant, et un tempo très alenti. Le dernier mouvement s’élance aussi moins rapidement qu’à l’accoutumée. Kavakos détaille ses qualités de rythmicien et semble vouloir conserver à cette page brillante toutes ses racines populaires plutôt que d’étourdir par sa virtuosité. En bis, un extrait de la Partita n° 3 de Bach le montre encore en retrait, jouant comme pour lui-même. Sa sonorité refuse la lumière et paraît presque rustre. On se permet d’espérer plus de dialogue pour la suite de cette résidence à Radio France.
Pour la deuxième partie de concert, Măcelaru proposait la Neuvième Symphonie de Chostakovitch. Cette œuvre légère en cinq brefs mouvements, le chef roumain se plaît à en souligner la transparence. Sous sa direction, les cordes se montrent d’une délicatesse arachnéenne. Percussion et vents à l’agilité ébouriffante glissent sur la toile comme des gouttes de rosée. Il est frappant de constater que l’aspect sarcastique de cette partition ne semble pas intéresser le chef. Du coup l’œuvre prend un caractère néo-classique un peu glacé et distant. Seul le Largo laisse poindre une menace sourde presque volatile. Celle d’un spectre fugitif ?
Les fantômes sont en revanche déchaînés dans le très rare Palais hanté de Florent Schmitt qui clôture le programme. Une pièce de jeunesse d’après Edgar Allan Poe où le compositeur débride très rapidement l’orchestre. Le geste chirurgical et le refus de la surenchère de Măcelaru deviennent ici des qualités éminentes. Elles permettent à l’orchestre de montrer une virtuosité sauvage tout en maintenant une clarté bienvenue. Un bis ravissant, l’Adagio de la Symphonie n° 2 de Saint-Saëns sonne comme l’annonce de la future parution discographique de l’intégrale enregistrée par ces interprètes.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 23/09/2021 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre national de France sous la direction de Cristian Măcelaru avec la participation du violoniste Leonidas Kavakos à l’Auditorium de Maison de la Radio, Paris. | Piotr Iliitch Tchaïkovski (1840-1893)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 35 (1878)
Leonidas Kavakos, violon
Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n° 9 en mib majeur op. 70 (1945)
Florent Schmitt (1870-1958)
Le Palais hanté, op. 49 (1904)
Orchestre national de France
direction : Cristian Măcelaru | |
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