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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de l’Elixir d’amour de Donizetti dans la mise en scène de Laurent Pelly, sous la direction de Giampaolo Bisanti à l’Opéra de Paris.
Un amour d’élixir
Reprise vivifiante d’un spectacle sur lequel les années semblent ne pas avoir de prise, l’Elixir d’amour présenté à l’Opéra Bastille bénéficie d’une distribution de qualité et d’équilibre, mêlant jeunes artistes et chanteurs accomplis. Depuis la fosse, Giampaolo Bisanti, monté sur ressorts, insuffle une énergie solaire sans précipitation.
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Créée en 2006, la production de L’Élixir d’amour de Laurent Pelly s’est installée d’emblée comme un classique du répertoire de la Grande Boutique et constitue depuis un fleuron presque paradoxal de l’ère Mortier. Cette sixième reprise vient conforter ce statut : la campagne italienne, l’éducation sentimentale des héros détaillée avec une tendresse infinie sur la scène de Bastille n’ont pas pris une ride.
Le petit cabot qui traverse le plateau comme l’éclair d’un orage d’été amène toujours les rires et résume l’habileté du metteur en scène à croquer en quelques détails bien sentis toute la vie d’une communauté attachante. Les éclairages de Joël Adam demeurent aussi une réussite poétique, permettant de ressentir la période estivale des moissons tout en épousant l’évolution des états d’âmes des amoureux. La distribution complètement renouvelée pour ce début de série (un peu plus tard Ambrogio Maestri reviendra présenter son Dulcamara) trouve un équilibre rarement atteint précédemment.
L’Américaine Sydney Mancasola, issue de la troupe de l’Opéra de Francfort, possède la couleur idéale, légèrement mutine, d’Adina. Un peu raide au début de cette première représentation, son émission s’assouplit progressivement tandis que la comédienne joue avec finesse l’apprentissage d’une certaine humilité. Face à cette jeune chanteuse expérimentée, Matthew Polenzani fait mentir les années. Son Nemorino a tout le caractère juvénile requis. Et si la voix n’a pas tout à fait la chaleur d’autres titulaires, la ligne est celle d’un styliste hors-pair, ce qui est beaucoup plus rare et appréciable.
Simone Del Savio est un Belcore classique, particulièrement à l’aise dans les ensembles, et Lucrezia Drei dans le court rôle de Gianneta tire son épingle du jeu. Hors-concours, Carlo Lepore offre un Dulcamara d’une saveur inégalable. Sa voix de caractère conduite avec une précision fantastique s’infléchit sans cesse subtilement tandis que l’art de l’acteur n’est pas moindre. Son duo avec la soprano est un bijou de finesse.
Dans la fosse, un chef d’orchestre de l’espèce haricot sauteur fait craindre un moment pour la soirée. Mais en fait, Giampaolo Bisanti communique à ses musiciens et au plateau une énergie renversante sans négliger les couleurs ou la précision. Le grand concertato qui clôt le I montre sous sa baguette comment il est possible de maintenir la rigueur sans contraindre l’émotion tout en instaurant une respiration où choristes et solistes trouvent naturellement leur place.
Malheureusement, comme les remèdes prônés par d’autres charlatans, l’élixir de Dulcamara n’a pas réussi à éloigner suffisamment la pandémie, et les artistes des chœurs continuent de porter le masque, frein évident à une vérité scénique et à une projection vocale satisfaisantes. Leur réussite de ce soir n’en est que plus louable.
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