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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Récital du pianiste Igor Levit au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Intériorité radicale
Fugues et ostinatos étaient au programme du récital donné par le pianiste Igor Levit au Théâtre des Champs-Élysées. Jouant un Steinway à la palette dynamique sans égale, le pianiste germano-russe semble en perpétuel questionnement des œuvres. Cette prise de risques alliée à une maîtrise souveraine offre un voyage musical passionnant.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
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« Ne fatigue pas cependant ta main de façon excessive » : si Igor Levit donne l’impression de suivre le conseil prodigué par Brahms à son amie Clara Schumann pour l’exécution de sa transcription de la Chaconne en ré mineur de Bach, sa main gauche concilie beauté de timbre et autorité. Le pianiste ne cherche pas l’imitation du violon, au contraire il privilégie le legato avec un jeu de pédale qui estompe presque l’articulation subtile de la version brahmsienne. De ce fait, la pièce s’éloigne des mondes de Bach et de Brahms, pour atteindre une abstraction animée d’une tension toute intérieure.
Pour les cinq préludes et fugues extraits par le pianiste de l’Opus 87 de Chostakovitch, son jeu procède assez différemment, témoignant de la liberté d’approche d’un artiste en perpétuel questionnement des œuvres. Point de legato surprenant ici, mais une sorte de traité de la dynamique, des plus parfaits pianissimos aux plus assourdissants fortissimos à la limite de la saturation, pour brosser des paysages sonores éloignés du monde en noir et blanc généralement assénés dans ces pièces.
Après l’entracte, la Sonate n° 28 de Beethoven surprend à son tour. Plus encore que dans son enregistrement au disque, Levit ramasse et distend alternativement les structures de l’œuvre. Passé l’Allegretto fondant de couleurs et de subtiles nuances d’intensité, il phrase de manière très heurtée le Vivace, tandis que l’Adagio confine à l’aporie et refuse le chant. Le Finale synthétise ces contrastes, l’artiste ouvrant des béances effrayantes dans la fugue.
À ce Beethoven génialement radicalisé qui laisse peut-être certains au bord du chemin, succède une Septième Sonate de Prokofiev d’apparence plus classique, du moins d’une beauté plus adoucie. La gradation de l’intensité reste magistrale dans les mouvements extrêmes mais l’Andante médian se fige peut-être excessivement, entraînant un morcellement auquel l’œuvre ne résiste pas tout à fait.
L’unique bis offert enchaîne les deux dernières pièces des Scènes d’enfant de Schumann (L’Enfant s’endort et Le Poète parle). Cet admirable choix en parfait contraste avec le récital permet à Levit de déployer la palette de couleurs de son Steinway. Son lyrisme d’une délicatesse inouïe résonne longtemps encore après la dernière note évanouie.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 06/10/2021 Thomas DESCHAMPS |
| Récital du pianiste Igor Levit au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Chaconne en ré mineur
Transcription pour la main gauche de Brahms (1877)
Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Cinq préludes et fugues (24 préludes et fugues op. 87) (1951)
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano n° 28 en la majeur op. 101 (1816)
SergueĂŻ Prokofiev (1891-1953)
Sonate pour piano n° 7 op. 83 (1942)
Igor Levit, piano
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