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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Pelléas et Mélisande de Debussy dans la mise en scène d’Éric Ruf, sous la direction de François-Xavier Roth au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Mélisande sauvée
En reprenant la sombre et belle mise en scène d’Éric Ruf, le Théâtre des Champs-Élysées propose une distribution de Pelléas largement renouvelée, offrant l’inégalable Golaud de Simon Keenlyside. Vanina Santoni remplace in extremis Patricia Petibon et sauve la représentation. Dans la fosse, Les Siècles éclatent de sons et couleurs dans une surenchère fatigante.
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Juste avant le lever de rideau, le directeur du Théâtre des Champs¬-Élysées, Michel Franck, vient annoncer la défection de Patricia Petibon en Mélisande qui accepte néanmoins de mimer le rôle sur scène. Par ce remplacement au pied levé, Vanina Santoni montre une belle assurance alors qu’elle est enceinte de plus de huit mois. Sa fidélité à ce théâtre en fait presque la soprano vedette. Sa participation depuis jardin s’intègre très naturellement à la production. La chanteuse a donné le rôle en début d’année à Lille avec le même chef, ceci explique sans doute cela. Sa voix chaleureuse s’épanouit avec subtilité entre innocence et mystère.
Plus équivoque, le Pelléas de Stanislas de Barbeyrac sonne d’une manière très directe, parfois poussé trop fortement par l’orchestre. Jean Teitgen renouvelle son Arkel avec plus de legato qu’en 2017. Au V, sa présence rayonne, irradie d’une lumière réconfortante. Lucile Richardot n’est peut-être pas idéalement distribuée dans le rôle de Geneviève. La lettre ne lui pose aucun problème mais le tableau suivant la fait entendre détonante. La justesse marque en revanche les prestations exemplaires de Chloé Briot et Thibault de Damas. Si l’ensemble du plateau offre une diction très intelligible, il est savoureux d’entendre un Britannique dominer de ce point de vue ses collègues francophones ! Simon Keenlyside fort d’un français parfaitement naturel donne le meilleur Golaud de notre époque, un rôle auquel il apporte une humanité bouleversante, tout en équilibre entre amour, jalousie et compréhension.
La scénographie sombre et humide d’Éric Ruf apparaît toujours pertinente, en adéquation avec cette histoire moins fantastique que glauque, illuminée de très rares moments symboliques. Pour cette reprise, le choix de l’ensemble Les Siècles et de son chef, François-Xavier Roth, ne peut pas être plus opposé à la prestation initiale de Louis Langrée avec l’Orchestre national de France. Ce soir, l’orchestre sonne très vertement, riche en couleurs fauves voire criardes. Une option parfaitement assumée qui ne laisse rien dans l’ombre, chaque pupitre traqué dans la fosse. Cette surexposition évolue trop souvent entre le mezzo-forte et le forte, et se soucie peu de phrasés et de lyrisme.
La fin de la scène entre Golaud et le petit Yniold, ou la mort de Pelléas sont d’une sécheresse qui tombe à plat. Le cinquième acte et son écriture toute différente ne permettent pas un tel traitement, et l’apaisement gagne enfin aussi les oreilles.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 06/10/2021 Thomas DESCHAMPS |
| Reprise de Pelléas et Mélisande de Debussy dans la mise en scène d’Éric Ruf, sous la direction de François-Xavier Roth au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Claude Debussy (1862-1918)
Pelléas et Mélisande, drame lyrique en cinq actes (1902)
Poème de Maurice Maeterlinck
Chœur Unikanti
Les Siècles
direction : François-Xavier Roth
mise en scène et scénographie : Éric Ruf
costumes : Christian Lacroix
Ă©clairages : Bertrand Couderc
Avec :
Vanina Santoni (Mélisande), Stanislas de Barbeyrac (Pelléas), Simon Keenlyside (Golaud), Jean Teitgen (Arkel), Lucile Richardot (Geneviève), Chloé Briot (Yniold), Thibault de Damas (Le Médecin). | |
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