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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise du Vaisseau fantôme de Wagner dans la mise en scène de Willy Decker, sous la direction d’Hannu Lintu à l’Opéra de Paris.
Le Vaisseau prend l'eau
Reprise problématique pour ce Vaisseau fantôme parisien signé Willy Decker. La vision psychologisante s'accorde mal aux moyens scéniques déployés. Le plateau en demi-teinte est insuffisamment soutenu par la direction sans contrastes d'Hannu Lintu qui emporte par le fond une production qui mériterait bien des ajustements.
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C'est sans doute la reprise de trop pour ce Fliegende Holländer mis en scène en 1999 par Willy Decker. Le décor unique présente un espace intérieur en forte pente, avec un corridor où se devine une immense peinture de tempête et une (très) grande porte ouvrant sur une simulation de mer maladroitement agitée par un ventilateur… Le projet joue sur une dimension au mieux onirique, au pire psychanalytique de la légende de l'éternel paria des flots venant hanter l'imaginaire de Senta.
Ni bateau ni récifs, mais de simples suggestions évoquant un univers dix-neuviémiste dans la différenciation des costumes avec le traditionnel vareuse-casquette pour les messieurs et la robe austère pour les dames. Tout ici est fonctionnel et très lisible : on déploie les câbles laissant imaginer hors-champ un immense navire qui accoste, les fileuses se font brodeuses et les spectres surgissent en projection rouge-vif.
Le décor pose le problème récurrent de la perception des voix situées fréquemment à l’arrière-scène, invisible pour le regard et trop amorties pour l'oreille. Problématique également, le jeu d'acteur poussiéreux qui alterne bras écartés et têtes renversées, chantant toujours frontalement. La Senta de Ricarda Merberth s'accommode très bien de ce contexte peu contraignant, dardant les souvenirs de ses aigus métalliques vers les cintres, avec une ligne toujours un peu trop droite et des nuances aux abonnés absents dans la Ballade. La dernière scène la trouvera à son meilleur, avec un engagement qui fait oublier des couleurs bien absentes.
Tomasz Konieczny passe en force et campe un Hollandais monolithique, aux confins de l'agressivité mais sans une once de nuance dans l'expression. Günther Groissböck n'impose pas en Daland le somptueux granit qui fait ailleurs la gloire de ses Gurnemanz, Pogner ou Wotan. La vaillance est en berne et la surface vocale étrangement réduite, quasi sans projection. Michael Weinius est franchement à la traîne en Erik, incapable de s'élever au-delà du simplement convenable avec une ligne régulièrement fracturée et inégale. Agnes Zwierko (Mary) ne fait guère impression dans ses rares apparitions, tandis que le Pilote de Thomas Atkins écrase aux entournures un second rôle qu'il chante comme un rôle de tout premier plan.
On aurait pu espérer de la fosse qu'elle rattrape le niveau du plateau mais il faut bien reconnaître que la direction de Hannu Lintu manque singulièrement d'élan et de souffle. La matière instrumentale est terne et impavide, réglée sur un mode métronomique qui refuse le théâtre et le mouvement. Mauvaise note aussi pour le chœur, régulièrement décalé et sans repères dès lors qu'il s'agit de ne pas chanter immobile et frontalement.
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