|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Version de concert de La Petite renarde rusée de Janáček par l’Orchestre de Birmingham sous la direction de Mirga Gražinyté-Tyla au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
L’insoutenable légèreté de la nature
Au terme d’une mini-tournée, l’Orchestre symphonique de la ville de Birmingham et sa cheffe Mirga Gražinyté-Tyla sont venus présenter au Théâtre des Champs-Élysées une Petite renarde rusée alliant verdeur, lyrisme et inquiétude. Dans la distribution, Elena Tsallagova triomphe avec tout l’art d’une Renarde expérimentée.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
RĂ©gal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
Quatre branches de feuillage artificiel tenues quelques instants par des enfants autour du Garde-chasse suffisent à planter le décor de La Petite renarde rusée en version de concert. Un imperméable vert pour la petite grenouille qui crapahute sur le plateau, deux petites oreilles cousues sur le béret que porte le renardeau habillé couleur feu, voilà le genre d’artifices qui nous transportent dans le monde merveilleux de l’opéra dans un esprit proche des spectacles scolaires. La musique fait le reste.
À grand renfort d’arabesques dessinées de manière incessante par sa longue baguette, Mirga Gražinyté-Tyla lance l’action dans une suractivité qui pourrait tenir du mouvement brownien. Les premières scènes filent à vive allure sans que la poésie sylvestre ne puisse s’installer. Avec un orchestre alerte, un rien trop nerveux, la cheffe privilégie la verve du conte sur les beautés de l’orchestration de l’œuvre. La rencontre de la Renarde et du Renard la voit en revanche s’ouvrir aux émotions lyriques, tandis que le troisième acte prend des accents beaucoup plus sombres : le phrasé se fait plus alangui, avec des insistances bien senties.
Finalement, Gražinyté-Tyla trouve un certain ton qui nous fait penser aux mots de Milan Kundera : « La tristesse était la forme, et le bonheur le contenu. Le bonheur emplissait l’espace de la tristesse ». Les musiciens de Birmingham apportent avec à -propos une verdeur un peu grinçante et beaucoup de caractère à l’ensemble. Les enfants n’ont pas tous la projection requise pour chanter dans une grande salle mais la cheffe reste attentive à les faire entendre. La courte prestation du Chœur de Radio France consterne par son intonation incertaine et un faux-départ.
Cela est vite oublié grâce aux qualités de la distribution. Le bien nommé Roland Wood chante et joue un Garde-chasse très naturel, un rien monochrome et détaché. Des petits rôles, c’est Ella Taylor qui se dégage avec une Femme de l’aubergiste et un Coq bien campés. Chez les hommes, William Thomas fait entendre une basse en plein essor. Son Braconnier est franchement inquiétant, très différent de son Curé à la rondeur de façade.
Toutefois, le couple de renards domine le plateau. Angela Brower possède tout le métal qui sied au Renard, surtout face à une Elena Tsallagova dont la voix possède une projection sans égale. Depuis les représentations de 2008 à l’Opéra Bastille, sa Renarde a acquis beaucoup de subtilités tout en conservant une fraîcheur rayonnante.
| | |
|
Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 24/11/2021 Thomas DESCHAMPS |
| Version de concert de La Petite renarde rusée de Janáček par l’Orchestre de Birmingham sous la direction de Mirga Gražinyté-Tyla au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Leoš Janáček (1854-1928)
La Petite renarde rusée, opéra en trois actes (1924)
Livret du compositeur d’après le roman de Rudolf TesnohlĂdek
Elena Tsallagova (La Renarde)
Roland Wood (Le Garde-chasse)
Angela Brower (Le Renard)
Elizabeth Cragg (La poule / Le Geai)
Ella Taylor (Le Coq / La Femme de l’aubergiste)
Kitty Whately (Le Chien / La femme du Garde-chasse / La Chouette / Le Pivert)
Robert Murray (Le Maître d’école / Le Moustique / L’Aubergiste)
William Thomas (Le Blaireau / Le Curé / Le Braconnier)
Enfants de la Holy Trinity Catholic School de Birmingham
Chœur de Radio France
Orchestre symphonique de la ville de Birmingham
direction : Mirga Gražinyté-Tyla | |
| |
| | |
|