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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Matthias Pintscher à l’Auditorium de la Maison de la Radio, Paris.
Voyage dans la nuit
Dans le cadre d’un cycle sur les compositeurs joués par eux-mêmes, Matthias Pintscher monte au pupitre à l’Auditorium de Radio France cet automne pour la création française de sa nouvelle pièce, Neharot, avant de profiter à plein des musiciens de l’Orchestre philharmonique de Radio France pour la Symphonie n° 7 de Gustav Mahler.
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Après Adès en octobre dernier et avant Benjamin en décembre, Mantovani en mars et Widmann en juin, c’est à l’actuel directeur musical de l’Ensemble Intercontemporain, Matthias Pintscher, de monter au pupitre devant l’Orchestre philharmonique de Radio France pour jouer l’une de ses propres compositions. De vingt-cinq minutes exactement, Neharot, écrit pendant le confinement et créé à Tokyo cet été, continue l’exploration de la tradition juive à laquelle Pintscher s’attache. À la manière de Mahler, la pièce débute par un grand cri du tutti, puis se développe dans la noirceur, avec toujours cette gestion d’un temps long chère à l’artiste.
Le cor par sa mélodie lointaine, puis le superbe solo de trompette, suivent le chemin d’une pièce dont le titre hébreu évoque les larmes, tant celles d’un fleuve que de la lamentation. Le climat sombre bien maintenu démontre une belle maîtrise, qui tombe parfois dans la facilité et rappelle de trop nombreux ouvrages récents par le traitement ample et calme des cordes, tout juste modulées pour créer une matière malléable sous les parties de vents et de percussions, tandis que le piano et surtout les deux harpes accompagnent l’ensemble.
La Symphonie n° 7 de Mahler complète parfaitement le programme, car si Neharot mêle la tradition juive à la religion catholique en s’inspirant aussi de la Cathédrale de Chartres, le Chant de la nuit mahlérien sort de la plume d’un compositeur perturbé à l’époque par l’antisémitisme et le fait d’être toujours considéré juif, malgré sa conversion. Le mélange d’influences et de sentiments contradictoires crée alors cette œuvre opaque, d’une délicate noirceur, bien mise en regard avec la partition précédente.
Pintscher évite une optique intellectuelle dans laquelle se sont fourvoyés d’autres chefs-compositeurs avant lui, Boulez ou Maderna notamment, et livre tout simplement une vision primaire de la symphonie de Mahler sans doute la plus difficile à interpréter. Le Langsam initial comme le Rondo-Finale sont alors parfois un peu criards, notamment aux trompettes, mais cette direction immédiate convient très bien aux Nachtmusiken, puis au scherzo Schattenhaft.
Particulièrement bien préparés, les cuivres se démarquent tout au long, le Saxhorn et le cor d’abord, les trombones et trompettes ensuite. Les bois font aussi leur effet, la flûte solo ou le cor anglais, tandis qu’aux cordes se remarquent la rondeur des contrebasses et un bon solo de la première violon Ji Yoon Park, en plus de celui, court mais remarquable, du chef d’attaque des altos. Très équilibrées, les percussions deviennent référentes dans le mouvement médian, déjà en forme de Purgatoire, à l’image de celui de la future Dixième Symphonie.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 26/11/2021 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Matthias Pintscher à l’Auditorium de la Maison de la Radio, Paris. | Matthias Pintscher (*1971)
Neharot, pour orchestra
Création française
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 7 en mi mineur
Orchestre Philharmonique de Radio France
direction : Matthias Pintscher | |
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