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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Le Vaisseau fantôme de Richard Wagner à l'Opéra-Théâtre de Massy
Massy hallucine son Vaisseau fantasme
Le Hollandais volant s'est posé à Massy, avec sa cargaison de fantômes et de fantasmes. Loin des moyens somptueux – mais sous exploités- de sa dernière descente à l'Opéra Bastille, la production de Massy compense par la mise en scène clairvoyante de Didier Kersten et la direction précise de Pascal Rophé.
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Il y a des paris qu'il vaut mieux ne pas tenter. Ce malheureux Hollandais cherchait juste à gagner du temps en passant quelques caps agités. Face à la tempête, il s'entête, jure qu'il passera, dut-il insister à jamais et le voilà pris au mot, condamné à errer éternellement en quête de rédemption : seule une jeune fille fidèle peut le sauver et, une fois tous les sept ans, il tente la pêche miraculeuse.De cette histoire rocambolesque, Wagner a fait un opéra parfaitement efficace qui pourtant s'avère délicat à monter. On peut rire des situations caricaturales ou se laisser piéger par cette tragédie marine ; tout est question de regard, de mise en scène et d'interprétation.
À Massy, on a cherché à manipuler les figures pour suggérer le drame : peu de moyens, un bateau réduit à une simple barre, des marins tout de blanc vêtus ; une recherche de l'intime qui s'adapte parfaitement aux possibilités du lieu. Certes, les faiblesses sont assez nombreuses pour gêner les spectateurs les plus exigeants : le choeur est assez approximatif et l'orchestre, malgré la direction précise de Pascal Rophé, manque d'ampleur. On peut également émettre des réserves sur les moyens vocaux d'Étienne Lescroart (le pilote) et de Tim Tobin (Éric), probablement affaibli par une mauvaise grippe. De son côté, Élizabeth Byrne a quelques difficultés dans les aigus, heureusement compensées par une très belle présence vocale.
Mais la cohérence du spectacle l'emporte assez vite démontrant une fois de plus que la valeur d'un opéra ne se réduit pas à la somme des talents individuels. On s'amuse au ballet mécanique des fileuses et les images empruntées au cinéma expressionniste allemand (le départ du Hollandais en Nosferatu) délivrent leur dose de frissons. Le jeu de Katalyn Varkonyi (Marie) est très juste et, même si l'on a connu des Senta et des Daland moins monolithiques, on arrive à croire à leur histoire. Mais c'est Roderick Earle qui demeure le plus convainquant, sans doute parce qu'il joue sur plusieurs registres et ménage, ici ou là , des zones d'ombre : cela donne à son Hollandais une dimension humaine qui le rend touchant et fragile.
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Opéra-Théâtre, Massy Le 12/11/2000 Mathias HEIZMANN |
| Le Vaisseau fantôme de Richard Wagner à l'Opéra-Théâtre de Massy | Le Vaisseau fantôme de Richard Wagner
Orchestre National d'Ile de France.
Choeur Français d'Opéra.
Choeur des Grandes Écoles
Direction musicale : Pascal Rophé
Mise en scène : Didier Kersten
DĂ©cors : Gille Navarro
Lumières : Pascal Alidra
Costumes : Laure Bouju
Avec Étienne Lescroart (le pilote) Tim Tobin (Éric), Katalyn Varkonyi (Marie) Élizabeth Byrne (Senta), Gregory Reinhardt (Daland), Roderick Earle (Le Hollandais). | |
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