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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital de Juan Diego Flórez accompagné au piano par Vincenzo Scalera à la Philharmonie de Paris 2021.
Troisième mi-temps
Le ténor péruvien Juan Diego Flórez donne un récital sagement équilibré privilégiant le haut médium de sa voix plutôt que les aigus de jadis. À la Philharmonie de Paris, la brièveté du programme accompagné au piano par Vincenzo Scalera est largement compensée par sept bis où l’artiste donne l’impression de chanter pour chacun dans le public.
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Franz Schubert n’est pas le compositeur auquel on associe le chant de Juan Diego Flórez. Le groupe de trois Lieder qui ouvre son récital constitue une nouveauté quelque peu déconcertante. Le ténor se lance nerveusement dans An Sylvia en articulant un allemand très clair. An die Musik se retrouve un peu bousculé par une approche emphatique. Pour Ständchen, le chanteur ne se départit pas des grands gestes avec les mains qu’il affectionne par ailleurs. Cette sérénade passionnée n’est pas la plus idiomatique qui soit malgré l’accompagnement stylé de Vincezo Scalera.
Les mélodies de Bellini sonnent le retour au monde latin familier à Flórez et son public. En particulier, la Ricordanza voit s’évanouir la nervosité du début de récital. Le médium s’épanouit et se teinte de couleurs chaleureuses. Les deux airs de Rossini ne brillent peut-être pas autant que par le passé mais leur interprétation se fait plus subtile aussi. Flórez détaille assez lentement la cabalette d’Idreno tirée de Sémiramis. L’insolence pâlit quelque peu alors que l’incarnation paraît plus passionnée.
Des mélodies de Tosti qui ouvrent de manière exquise la deuxième partie, Aprile marque plus que les deux autres grâce à une messa di voce de grande maîtrise alliée à une coloration délicate. Le rare air de Jérusalem, Je veux encore entendre ta voix, souffre légèrement d’un français sacrifié au profit de la rondeur de l’émission, tandis que l‘air de Roberto extrait de Le Villi de Puccini est empoigné par le ténor, comme s’il était pressé d’achever ce court programme.
Mais dès le premier rappel, le chanteur revient pour ce qui constitue une sorte de troisième mi-temps : sept bis égrainés avec générosité en s’accompagnant à la guitare pour les quatre premiers. Sans tenir compte des suggestions hystériques d’une partie du public, Flórez entonne Core ‘ngrato avec un accent napolitain réjouissant et l’émotion qui perle, enchaînant avec Parlami d’amore Mariù de Bixio.
La voix a perdu toute trace de stress, retrouvant une fluidité latine, instaurant une incroyable intimité avec le public. Cielito lindo et l’inévitable Cucurrucucu Paoloma raniment la flamme. Vincenzo Scalero revient pour accompagner le chanteur pour un Torna a Surriento nostalgique. Pour mon âme de La Fille du régiment n’a sans doute plus la facilité de jadis mais reste crânement assuré. Enfin, Nessun dorma de Turandot démontre une dernière fois le style très sûr du ténor et son habilité à donner l’impression de fraîcheur même dans les pages les plus rabâchées.
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Philharmonie, Paris Le 03/12/2021 Thomas DESCHAMPS |
| Récital de Juan Diego Flórez accompagné au piano par Vincenzo Scalera à la Philharmonie de Paris 2021. | Franz Schubert (1797-1828)
An Sylvia (1826)
An die Musik (1817)
Ständchen (1826)
Vincenzo Bellini (1801-1835)
Malinconia (1829)
Per pietà (1829)
La ricordanza (1834)
Largo et thème en la mineur (ca. 1834)
Gioachino Rossini (1792-1868)
Danse sibérienne (1864)
Deh ! Tu m’assisti amore (Il signor Bruschino) (1813)
La esperenza più soave (Sémiramis) (1823)
Francesco Paolo Tosti (1846-1916)
Sogno (1826)
Seconda mattinata (1903)
Aprile (1882)
Gaetano Donizetti (1797-1848)
Angelo casto e bel (Il Duca d’Alba) (1839)
Giuseppe Verdi (1813-1901)
Je veux encore entendre ta voix (Jérusalem) (1847)
Giacomo Puccini (1858-1924)
Torna ai felici dì (Le Villi) (1884)
Juan Diego Flórez (ténor)
Vincenzo Scalera (piano) | |
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