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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Esa-Pekka Salonen, avec la participation du violoniste Pekka Kuusisto à la Philharmonie de Paris.
Le maître des serrures
Soirée sous haute tension à la Philharmonie de Paris, où Esa-Pekka Salonen, transcendant dans ce répertoire, déverrouille sans coup férir les portes du Château de Barbe-bleue de Bartók, dont il unifie en outre magnifiquement l’écriture dramatique, après la création française virevoltante du Concerto pour violon de l’Américain Bryce Dessner.
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Atmosphère électrique des grands soirs à la Philharmonie dès les premières mesures du Concerto pour violon de Bryce Dessner, compositeur américain de 45 ans natif de Cincinnati, qui dans un pastiche néo-tonal où flottent des imitations de batteries de doubles croches cadentielles à la Vivaldi, convoque d’emblée une énergie hors du commun que le Finlandais Esa-Pekka Salonen lui insuffle très volontiers, avec le concours de son compatriote Pekka Kuusisto, allumé d’un bout à l’autre de ces vingt-quatre minutes de musique surexcitée et facile, sans doute épuisante pour les musiciens.
Langage passéiste, flatteur dans son écriture orchestrale, modèle d’easy listening typiquement américain, qui même dans les rares plages où la nuance retombe, ne parvient jamais à poser un vrai climat. En rien épuisé après pareille démonstration ébouriffante, le violoniste offre deux bis, une Polska du diable basée sur un thème folklorique, et un Bach (Sarabande de la Partita n° 2) translucide, du bout de l’archet.
Après cette suée, l’orchestre est parfaitement chaud pour aborder l’heure du Château de Barbe-bleue, dont Salonen s’est fait une spécialité – on garde un souvenir impérissable du concert avec le Philharmonia à l’Auditorium de Dijon en 2011. Passé une comédienne amplifiée au ton naïf (et en français) pour le court prologue, on gagne les noirceurs de l’édifice grâce à un geste incisif et millimétré, installant avec toute la puissance requise un Orchestre de Paris dans les starting blocks, qui reproduit illico chaque poussée de tension.
Moins noire que la formation britannique en Bourgogne, la phalange parisienne distille des solos glorieux, du cor transcendant d’André Cazalet à la clarinette de Pascal Moraguès en passant par la trompette de Frédéric Mellardi, et au Jardin, insuffle des bouffées de profusion coloriste dignes du Daphnis de Ravel, avant de prendre le public en étau dans une Porte V en mur sonore, orgue frontal et cuivres dans les sas arrière du parterre, le chef dirigeant face au public. Pour ne rien gâcher, la formidable tension de l’exécution est doublée d’une impeccable continuité dramatique par-delà les contrastes et l’hétérogénéité des motifs musicaux de Bartók.
Reflet des typologies vocales engagées dans l’exploration des tréfonds du château, c’est ce soir Judith qui domine Barbe-bleue, lui tient tête, l’écrase presque tant la cuirasse de Nina Stemme n’a jamais paru aussi bétonnée, proche de l’indestructible (encore que la Hochdramatisch suédoise ne s’attarde guère sur son contre-ut), sans craindre les déflagrations d’un orchestre hors fosse, et face au Duc aristocratique et sobrement hautain de Gerald Finley, piégé en volume aux deux extrémités de la tessiture mais d’une magnifique dignité de méchant profondément amoureux.
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Philharmonie, Paris Le 09/12/2021 Yannick MILLON |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Esa-Pekka Salonen, avec la participation du violoniste Pekka Kuusisto à la Philharmonie de Paris. | Bryce Dessner (*1976)
Concerto pour violon
Création française
Pekka Kuusisto, violon
BĂ©la Bartok (1881-1945)
Le Château de Barbe-bleue
Nina Stemme (Judith)
Gerald Finley (Barbe-bleue)
Judith Chemla (récitante)
Orchestre de Paris
direction : Esa-Pekka Salonen | |
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