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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Première à l’Opéra de Paris de Turandot de Puccini dans la mise en scène de Bob Wilson, sous la direction de Gustavo Dudamel.
Turandot par l’image
Alors que sa Madame Butterfly est devenue un classique de l’Opéra de Paris, la Turandot de Bob Wilson, créée à Madrid en 2018, est étrennée à la Bastille avec la même réussite, en une succession d’images magnifiques. La musique n’est pas au même niveau, entre une distribution juste solide et la direction monochrome de Gustavo Dudamel.
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L’engagement physique exigé par la Turandot de Puccini reste une gageure, y compris pour les plus grandes scènes lyriques. L’énergie déployée par le nouveau directeur musical Gustavo Dudamel n’est pas en cause tant une vraie implication transparaît de sa battue à chaque instant. Pourtant, à l’issue du spectacle, on a l’impression de n’avoir vraiment vibré que dans les pages les plus éthérées de l’opéra – lever de lune, évocation du lac bleu du Honan, anticipation avortée de Nessun dorma au II, suspensions du dernier duo. Car le jeune Vénézuélien semble avoir du mal à gérer la difficulté majeure de l’ouvrage : son traitement des masses.
Tantôt raide dans les transitions et les phrases ascendantes menant à des points culminants souvent boulés, tantôt peu précis dans la caractérisation des timbres de l’orchestration, la battue, assez monochrome sur la durée, occasionne de nombreux moments de flottement. Cuivres et percussions, notamment, ne font jamais corps avec le reste de la masse orchestrale. Le chœur, lui, ne trouve sa vitesse de croisière qu’au III, après un début de soirée laborieux, en imprécations regorgeant de volume sinon de brillant, en manque d’homogénéité et de stabilité rythmique chez les hommes.
La distribution affronte honorablement les tessitures ardues de l’écriture puccinienne. Guanqun Yu reste la meilleure incarnation du plateau, Liù de bon format, belle gestion des registres, malgré un aigu dont le vibrato a tendance à s’élargir au I. Elena Pankratova a le tranchant de la princesse de glace, ses aigus méchamment dardés sinon les vraies failles des meilleures Turandot, avec une voix de poitrine déconnectée de la ligne. Quant au Calaf de Gwyn Hughes Jones, il pèche par un volume réduit qui le cantonne parfois au mime, alors que la couleur en soi, solaire et jeune, s’avère très séduisante.
Mandarin efficace, Timur patriarcal, Ministres virevoltants (dont un Ping génialement déclamé) et Empereur parfait complètent une équipe où chacun s’intègre au travail d’orfèvre de Bob Wilson. Comme dans sa Butterfly qui tourne in loco depuis 1993, le metteur en scène américain, dans son esthétique inspirée par le théâtre extrême-oriental, a trouvé le ton juste d’un conte relativement simpliste, dosant à la perfection périodes d’immobilité et mouvement façon théâtre de marionnettes (les trois ministres en Buster Keaton, les rotations des arbustes déracinés, des soldats de la reine), maîtrisant codes chromatiques et symétries, avec des éclairages au cordeau. Un futur classique à n’en point douter.
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Opéra Bastille, Paris Le 10/12/2021 Yannick MILLON |
| Première à l’Opéra de Paris de Turandot de Puccini dans la mise en scène de Bob Wilson, sous la direction de Gustavo Dudamel. | Giacomo Puccini (1858-1924)
Turandot, dramma lirico en trois actes et cinq tableaux (1926)
Livret de Giuseppe Adami & Renato Simoni d’après Carlo Gozzi
Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris
Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Gustavo Dudamel
mise en scène : Robert Wilson
décors : Robert Wilson & Stephanie Engeln
costumes : Jacques Reynaud
Ă©clairages : Robert Wilson & John Torres
préparation des chœurs : Ching-Lien Wu & Gaël Darchen
Avec :
Elena Pankratova (Turandot), Guanqun Yu (LiĂą), Gwyn Hughes Jones (Calaf), Vitalij Kowaljow (Timur), Carlo Bosi (Imperatore Altoum), Alessio Arduini (Ping), Jinxu Xiahou (Pang), Matthew Newlin (Pong), Bogdan Talos (Un Mandarino). | |
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