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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 novembre 2024 |
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Nouvelle production de Roméo et Juliette de Gounod dans une mise en scène d’Éric Ruf et sous la direction de Laurent Campellone à l’Opéra Comique, Paris.
Ah, lève-toi Pati !
Miraculée de la pandémie, la nouvelle production de Roméo et Juliette de Charles Gounod à la salle Favart, dans une mise en scène d’Éric Ruf située dans l’Italie du sud plutôt qu’à Vérone constitue au-delà de sa réussite un triomphe pour le jeune ténor samoan Pene Pati qui brille par son engagement et l’art de son chant.
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Lights, camera, action !
Vigueur et courants d’air
En passant par la mort
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Une fois passées les tensions d’une première représentation sauvée in extremis par la pugnacité des équipes de l’Opéra Comique et le remplacement réussi des deux rôles principaux, à l’isolement suite à leur contamination au Covid-19, la nouvelle production de Roméo et Juliette offre dans sa deuxième soirée bien des qualités. Transbordée du théâtre de Shakespeare à l’opéra de Gounod, la mise en scène d’Éric Ruf perd certaines subtilités qu’elle montrait à la Comédie française en 2015. Mais globalement, avec des décors et des éclairages remarquables, la scénographie d’une Italie du sud à la grandeur perdue en lieu et place de la Vérone traditionnelle apporte une lumière bienvenue à la partition.
Ruf sait aussi donner à chaque protagoniste une épaisseur scénique qui n’est pas si commune au monde lyrique. L’équipe de chanteurs joue avec un engagement qui fait mouche même pour les plus petits rôles. Dans la fosse, Laurent Campellone insuffle lui aussi beaucoup d’énergie. D’une partition sans secret pour lui, il parvient à faire oublier la composition sous forme de numéros. Le continuum dramatique qui s’en dégage a aussi l’avantage d’emporter avec lui un orchestre de Rouen Normandie enthousiaste mais fragile dans ses détails. Il laisse en revanche peu de place aux rêves des deux amants et certains climax sont amoindris par l’agitation permanente qui les précède.
Sur le plateau, les chœurs font montre d’une belle diction en dépit des masques – adéquats du moins pour le bal chez les Capulet ! Des petits rôles bien tenus, on distingue particulièrement les ténors : le Benvolio de Thomas Ricart et le Tybalt de Yu Shao brillent par des voix bien menées et homogènes. Adèle Charvet est un impeccable Stéphano, Philippe-Nicolas Martin un virevoltant Mercutio. Le frère Laurent de Patrick Bolleire est classiquement bonhomme tandis que le très bon Jérôme Boutillier souffre un peu avec la tessiture du comte Capulet.
Mais comme on le sait, le succès de l’opéra de Gounod repose entièrement sur le couple des amants. Perrine Madoeuf assume crânement Juliette par un engament scénique formidable. Ses aigus très sûrs imposent un personnage très fort dramatiquement. Son médium de qualité discutable, qu’elle ne ménage pas pour autant, donne une image trop mûre pour une adolescente. Par bonheur, sa voix se marie fort bien dans les quatre duos avec celle du Roméo incarné par Pene Pati, sensation de la soirée.
Comme à Bastille dans L’Élixir d’amour, le ténor est un acteur généreux. Le chanteur trouve ici un espace musical d’une autre dimension, au français châtié dans le madrigal, immense de souffle dans l’air du balcon, capable partout de piani du plus beau style. Mais à la fin du III, lorsque Roméo crie sa crainte de ne pas revoir Juliette, Pati ose prolonger son éblouissant contre-ut au-dessus des chœurs et de l’orchestre jusqu’à la dernière mesure de l’acte. Ce tour de force évoque irrésistiblement celui de Montserrat Caballé face au tombeau de Charles Quint à la fin d’une représentation de Don Carlo de Verdi en 1969… à Vérone !
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Opéra Comique - Salle Favart, Paris Le 16/12/2021 Thomas DESCHAMPS |
| Nouvelle production de Roméo et Juliette de Gounod dans une mise en scène d’Éric Ruf et sous la direction de Laurent Campellone à l’Opéra Comique, Paris. | Charles Gounod (1818-1893)
Roméo et Juliette, opéra en cinq actes (1867)
Livret de Jules Barbier et Michel carré d’après la tragédie de Shakespeare
Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie
Chœur de l’Opéra de Rouen Normandie & Accentus
direction : Laurent Campellone
mise en scène et décors : Éric Ruf
costumes : Christian Lacroix
Ă©claairages : Bertrand Couderc
Avec :
Pene Pati (Roméo), Perrine Madoeuf (Juliette), Patrick Bolleire (Frère Laurent), Adèle Charvet (Stéphano), Philippe-Nicolas Martin (Mercutio), Jérôme Boutillier (Comte Capulet), Marie Lenormand (Gertrude), Yu Shao (Tybalt), Thomas Ricart (Benvolio), Arnaud Richard (Pâris), Yoann Dubruque (Grégorio), Geoffroy Buffière (Duc de Vérone), Julien Clément (Frère Jean). | |
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