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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Concert Brahms de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Herbert Blomstedt à la Philharmonie de Paris.
Somptueux sfumato
Dans sa 95e année, Herbert Blomstedt donne sans surprise des lectures très automnales de la Troisième et la Quatrième Symphonie de Brahms. Les éclats intempestifs y sont absents mais le feu intérieur y est affaibli. Le chef tire de l’Orchestre de Paris une sonorité aux contours rayonnants de lumière à laquelle il est difficile de résister.
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Un peu plus frêle que lors de son dernier passage à Paris, le chef Herbert Blomstedt gagne à petits pas précautionneux l’estrade. Toutefois, c’est debout et par cœur qu’il dirige les deux symphonies de Brahms au programme. Mettre en concurrence deux chefs-d’œuvre du même compositeur est certes classique, mais le risque est grand de voir l’une des partitions l’emporter sur l’autre. Blomstedt, par une approche pleine d’humilité fait tout son possible pour éviter cela.
La Troisième Symphonie, œuvre tout en demi-teintes et en alternance majeur-mineur demande plus que les autres une approche subtile. Le chef américano-suédois comprend que les contradictions de l’œuvre n’appellent pas forcément un jeu de contrastes. Au contraire, il façonne une fresque sonore où l’Orchestre de Paris n’est que sfumato.
Les coutures de la partition s’évanouissent sous une palette de couleurs radieuses. Il repousse tout emballement dynamique, veillant au respect des nuances par les vents pourtant dominés par soixante cordes. Cette splendeur devient presque étale dans l’Andante. Même dans le célèbre Poco allegretto, les syncopes se font peut-être trop discrètes. La forêt que voyait Clara Schumann dans cette symphonie danse peu, et devient un paysage mental très contemplatif.
Pour la Symphonie n° 4, Blomstedt n’adopte pas une approche foncièrement différente mais l’écriture plus carrée lui impose une pulsation rythmique plus présente. Celle-ci se base toujours sur les contrebasses et les violoncelles. Une forte assise illuminée par les timbres des musiciens parisiens. Le chef tend à fondre les cuivres et la petite harmonie dans une approche synthétique à la plastique fascinante parfois fragilisée par quelques flottements.
Comme dans la précédente symphonie, il y a peu d’inquiétude ou de drame dans cette lecture apaisée. La recherche d’une texture sans contour gagne même les variations de la passacaille dans le dernier mouvement qui sonnent moins individualisées et tourmentées que sous d’autres baguettes. L’accalmie centrale formée par le solo de flûte perd en contraste. Plutôt qu’une suspension du temps qui passe, elle se rattache aux chorals mesurés aux cuivres qui suivent. Tout est résolument méditatif, beaucoup moins romantique qu’ailleurs, mais il est impossible de bouder un artisanat aussi somptueux.
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Philharmonie, Paris Le 16/12/2021 Thomas DESCHAMPS |
| Concert Brahms de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Herbert Blomstedt à la Philharmonie de Paris. | Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie n° 3 en fa majeur op. 90 (1883)
Symphonie n° 4 en mineur op. 98 (1885)
Orchestre de Paris
direction : Herbert Blomstedt | |
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