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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Second livre du Clavier bien tempéré de Bach par le pianiste Andràs Schiff à la Philharmonie de Paris.
Kaléidoscope pianistique
Une nouvelle fois, le pianiste Andràs Schiff montre qu’il a trouvé dans l’œuvre de Bach une épiphanie musicale. Avec une admirable économie de moyens, il atteint l’essence de chaque pièce du second livre du Clavier bien tempéré et fait rayonner de couleurs les fugues qui atteignent une liberté au-delà de leur cadre formel.
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Après avoir joué le premier livre du Clavier bien tempéré il y a neuf jours au Théâtre des Champs-Élysées, Andràs Schiff donne le second livre dans la salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris. Un changement d’acoustique important qui explique sans doute une petite période d’adaptation au début du concert, pendant laquelle le pianiste a fait entendre une sonorité moins lumineuse que d’ordinaire, presque dure. Au bout de quelques préludes et fugues, l’ajustement opéré par un Schiff retrouvant rapidement ses couleurs démontre une sensibilité aux conditions acoustiques pas si commune chez les interprètes.
Celui qui joue Bach sur un clavicorde quelques minutes chaque jour avant son petit-déjeuner pour enchaîner dans la matinée sur un piano moderne n’est jamais brutal, percussif. L’art du toucher est au cœur de son interprétation, par son usage épisodique, si modéré de la pédale forte – les autres ne semblent jamais utilisées. Schiff choisit des tempi peu contrastés tant pour les préludes que pour les fugues, usant finalement peu de la liberté laissée aux interprètes par ces partitions peu annotées.
Aucune théâtralisation d’une pièce à l’autre, tout juste se permet-il une emphase un peu académique à la fin des fugues pour en marquer le terme. Tout repose sur une lisibilité égale et pourtant jamais lassante. Les préludes si développés dans ce second livre trouvent d’eux-mêmes leur essence, tandis que les fugues offrent un bouquet de couleurs très subtilement détaillées, changeantes, jamais assenées, se diffusant avec une douceur prégnante dans la salle.
Du blanc des premières pièces, on passe aux couleurs les plus chaleureuses, notamment pour les préludes en fa. Le piano devient plus austère ensuite, jusqu’au terrible si mineur, couleur de la mort selon l’interprète. Au terme de ces plus de deux heures de musique très dense donnée sans pause, l’artiste offre en bis le dernier prélude et fugue du premier livre, également en si mineur, retour en arrière pour les spectateurs qui avaient eu la chance d’être aux Champs-Élysées la semaine dernière.
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Philharmonie, Paris Le 18/12/2021 Thomas DESCHAMPS |
| Second livre du Clavier bien tempéré de Bach par le pianiste Andràs Schiff à la Philharmonie de Paris. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Das wohltemperierte Klavier, livre II (1744)
AndrĂ s Schiff, piano | |
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