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CRITIQUES DE CONCERTS 30 décembre 2024

Récital Jean-Marc Luisada (piano) et Laurent Korcia (violon) aux Concerts du dimanche matin du Châtelet à Paris.

Deux maîtres du Blues
© Eric Manas

Jean Marc Luisada (à gauche) et Laurent Korcia.

Le Poème de Chausson, la Sonate en la Majeur de Fauré et celle en ré mineur de Schumann appartiennent à cette littérature musicale où de la douleur et l'angoisse jaillissent l'éclat et la lumière. Une dialectique qui exclue toute lecture "larmoyante" comme l'ont bien compris Jean-Marc Luisada et Laurent Korcia.

 

Théatre du Châtelet, Paris
Le 06/11/2000
Pauline GARAUDE
 



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  • Dans la version pour violon et piano du Poème, J.-M. Luisada exploite son instrument comme un orchestre : l'amplitude sonore est rendue non seulement par effet de vibration et de résonance – notamment avec les trilles et la troisième pédale – mais aussi par une dissociation des plans où chaque voie ayant son timbre et son intensité est conçue comme un pupitre. L. Korcia varie son jeu et restitue toute une palette de couleurs, exemplaire dans le second thème où la virulence de ses attaques, l'intensité dramatique de ses vibrato et son accentuation rythmique traduisent l'inquiétude d'une phrase sombrement expressive mais toute éclatante de chromatismes.

    Dans la Sonate de Fauré, ils révèlent une fraîcheur radieuse alliée d'une flamme romantique quasi schumanienne. Luisada opte pour un timbre cristallin et non douceâtre, une dynamique prononcée et non retenue, un phrasé souple mais empli de tension expressive. Par ses nuances et son legato, Korcia souligne le tourment exaspéré de l'Andante mais aussi le climat passionnel du Finale et le charme rêveur de l'Allegro. La sonorité originale des pizzicati du Scherzo parvient à faire oublier la virtuosité, tandis que l'articulation rythmique et mélodique du phrasé oscille du bercement à la vigueur des dernières mesures.

    C'est une vision plus révoltée – mais non moins intérieure - qui anime la Sonate de Schumann. L'énergie violente et concentrée ne faiblit pas un seul instant tout au long du morceau. Elle est rendue par une interprétation riche en contrastes. C'est dans le rythme et les inflexions mélodiques que se traduisent la déchirure et le relâchement du discours musical. Ici, tout a une valeur expressive : les rubato, les appuis rythmiques, l'ondulation et les sonorités éthérées du piano, l'âpreté du violon mais aussi et surtout son vibrato chargé de détresse. Le "blues" romantique dans toute sa nudité.




    Théatre du Châtelet, Paris
    Le 06/11/2000
    Pauline GARAUDE

    Récital Jean-Marc Luisada (piano) et Laurent Korcia (violon) aux Concerts du dimanche matin du Châtelet à Paris.
    - Chausson : Poème pour violon et piano dans la transcription d'Eugène Isaye
    - Fauré : Sonate n°1 en la Majeur
    - Schumann : Sonate n°2 en ré mineur
    Jean-Marc Luisada, piano
    Laurent Korcia, violon

     


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