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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Neuvième Symphonie de Mahler par les Bamberger Symphoniker sous la direction de Jakub Hrůša à la Philharmonie de Paris.
Mahler par la lettre
Deux ans après leur interprétation de la Troisième Symphonie de Mahler, les Bamberger Symphoniker et leur jeune directeur Jakub Hrůša reviennent à la Philharmonie de Paris pour la Neuvième du même compositeur, toujours aussi dense en termes de matière sonore, sans jamais dépasser le seul contenu de la partition.
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À l’instar de ses interprétations mahlériennes précédentes, dont une récente Symphonie n° 4 au disque, Jakub Hrůša entre à la Philharmonie de Paris avec les Bamberger Symphoniker dans la Neuvième de Mahler par une sonorité dense, très développée dès l’introduction aux cordes. Dès le début de l’Andante con moto, l’orchestre en grande formation, dont il ne semble manquer que deux premiers violons – au nombre de quatorze, soit un de moins que les second violons – et deux altos – du coup autant que les violoncelles, à dix –, apporte toute sa matière soyeuse à l’ultime partition achevée du compositeur autrichien.
De la même manière, le chef tchèque agence tout le mouvement ainsi que toute la symphonie sans jamais s’écarter d’une lecture simple de la lettre, au détriment sans doute d’une plus forte émotion, trop contenue en fin de premier mouvement à partir du grand solo de flûte, malgré la beauté des interventions du premier violon Ilian Garnetz. D’une durée classique d’environ 1h25, Hrůša développe chaque morceau sans apporter sa propre personnalité, sauf peut-être dans la manière de faire danser le début du troisième mouvement, Rondo-Burleske.
Malgré cela, la superbe machine franconienne offre toute sa beauté à l’œuvre d’un compositeur qu’elle est aujourd’hui parmi les meilleurs ensembles du monde à traiter, plus particulièrement depuis son intégrale symphonique avec l’ancien directeur musical, Jonathan Nott. Alors ressortent de nombreux instrumentistes, pour beaucoup féminins d’ailleurs, dont la première hautbois ou la première harpe, quand chez les hommes se remarquent tout particulièrement l’exceptionnel cor solo, ou encore la clarinette solo ainsi que la clarinette basse.
À ces musiciens s’ajoute le premier trompettiste, magnifique dans le premier mouvement puis dans ses appels au troisième, juste pris en défaut dans la célérité au début de ce même mouvement. Plutôt que de vouloir trouver un propos neuf ou particulièrement incarné, on se délecte alors des superbes sonorités, auxquelles s’ajoutent les parfaites interventions du timbalier ainsi que celles de cordes solidement groupées, très fines dans les dernières mesures, prises très lentement.
De cette extinction du son dans la coda, d’abord initiée par le superbe vibrato du violoncelle solo, ne se démarque qu’une triste sonnerie de téléphone, la troisième de la soirée et la plus mal placée, juste avant les dernières phrases inextinguibles, puis un silence de presque une minute, suivi de chaleureux applaudissements.
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Philharmonie, Paris Le 16/01/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Neuvième Symphonie de Mahler par les Bamberger Symphoniker sous la direction de Jakub Hrůša à la Philharmonie de Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 9 en ré majeur
Bamberger Symphoniker
direction : Jakub Hrůša | |
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