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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert du Quatuor Modigliani avec le concours du pianiste Frank Braley et du contrebassiste Yann Dubost dans le cadre de la Biennale de quatuor à cordes 2022 à la Cité de la Musique, Paris.
Biennale 2022 (2) :
Asphyxiante perfection
Juste avant la parution discographique de leur intégrale des quatuors de Schubert, les Modigliani montrent dans un programme dévolu à ce compositeur une maîtrise technique impressionnante qui s’enivre entre autres de sa perfection rythmique. Si le quintette La Truite y trouve beaucoup d’allure, le dernier quatuor s’asphyxie quelque peu.
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Au lieu de payer hommage à Dvořák, fil rouge de la Biennale de quatuor à cordes 2022, les Modigliani proposent un programme Schubert. Il faut dire que les musiciens sortent en CD une intégrale de ses quatuors et s’apprêtent à les jouer en sept concerts à la Folle journée de Nantes. Le quintette avec piano La Truite donné en première partie est donc un léger pas de côté dans cette immersion.
Les premiers accords de l’Allegro vivace impressionnent d’emblée : l’équilibre entre les musiciens tient de la fusion parfaite, presque miraculeuse. La sonorité d’ensemble possède un brillant d’une grande séduction. Il est fascinant d’entendre combien le piano très stylé de Frank Braley et la contrebasse caméléon de Yann Dubost s’intègrent naturellement à ce quintette où personne ne tire la couverture à soi.
Ni le violon soyeux d’Amaury Coeytaux ni le violoncelle bien chantant de François Kieffer n’excèdent ce que les solos mélodiques leur réservent. L’élégance commande partout, y compris dans le fameux Andantino où la mélodie pourrait prendre un tour de rengaine. Rien de tel ici. Peut-être pourrait-on attendre plus d’abandon champêtre, car l’ensemble est mené avec une énergie ailée qui ne faiblit jamais. Cette impression devient plus forte dans la seconde partie de programme avec le Quatuor n° 15.
La même unité impressionne dans la sublime introduction de l’Allegro molto moderato mais cette fois, sans le piano ni la contrebasse, on en perçoit aussi le coût. Celui d’une certaine monotonie résultant d’un éventail de couleurs trop resserrées. L’alternance harmonique s’affiche de manière magistrale mais cette polyphonie pourrait respirer davantage. Si les solos ressortent admirablement dans ce cadre très maîtrisé, ils ne font que souligner l’absence de chant par ailleurs. Les trémolos surabondants dans cette partition se soumettent à une logique rythmique implacable qui laisse peu de respiration.
Qu’on ne s’y trompe pas : le niveau des Modigliani est époustouflant et ces réserves viennent à la marge. Dans le Scherzo, la palette dynamique de ces notes répétées à l’envi gagnerait à s’élargir. Et dans le rondo final Allegro assai, les musiciens semblent prisonniers d’un certain machinisme aux relents répétitifs. Question de perspective sans doute, c’est indubitablement une course à l’abîme, inexorable, mais il existe un monde au-delà du formalisme. En bis, le mouvement lent du Quatuor n° 4 sonne lui aussi assez tendu.
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Cité de la Musique, Paris Le 17/01/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Concert du Quatuor Modigliani avec le concours du pianiste Frank Braley et du contrebassiste Yann Dubost dans le cadre de la Biennale de quatuor à cordes 2022 à la Cité de la Musique, Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Quintette pour piano et cordes en la majeur D 667, « La Truite » (1819)
Frank Braley, piano
Yann Dubost, contrebasse
Quatuor à cordes n° 15 en sol majeur D 887 (1826)
Quatuor Modigliani
Amaury Coeytaux, violon I
LoĂŻc Rio, violon II
Laurent Marfaing, alto
François Kieffer, violoncelle | |
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