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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Quatuors de Manoury par le Quatuor Arditti dans le cadre de la Biennale de quatuor à cordes 2022 à la Cité de la Musique, Paris.
Biennale 2022 (3) :
Manoury quasi intégral
Prévue sur trois concerts par deux ensembles différents, l’intégrale des quatuors à cordes du Français installé aux États-Unis Philippe Manoury se voit limitée par le Covid-19, qui empêche les Diotima de jouer le Deuxième Quatuor et doivent laisser les Arditti développer seuls les trois autres le samedi et le mardi à la Cité de la Musique.
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Sans prendre de risque, la Philharmonie de Paris a organisé pour la biennale 2022 l’intégrale des quatuors numérotés du catalogue de Philippe Manoury, en reproposant aux formations les numéros qu’elles avaient créés. Les n° 1, 3 & 4 reviennent donc au Quatuor Arditti, le n° 2 au Quatuor Diotima.
Malheureusement, le Covid-19 complique toujours la situation, certains membres des Diotima ayant été testés positifs le jour même, le concert où devait être présenté Tensio ne peut avoir lieu. Il reste donc aux Arditti de porter les trois autres quatuors du catalogue, dont celui de 2010, devenu n° 1 lorsque le compositeur a choisi de déclasser sa véritable première pièce pour cette formation, composée en 1978.
Intitulé Stringendo, l’ouvrage créé il y a douze ans à Donaueschingen bénéficie à l’Amphithéâtre de la Cité de la Musique du jeu précis des quatre instrumentistes. Plusieurs énoncés thématiques s’entremêlent pour introduire l’œuvre, ensuite plus calme et portée sur un lent filin par le second violon d’Ashot Sarkissjan et le violoncelle de Lucas Fels, tandis que les pizz en guise de métronomes imaginaires apparaissent sous le violon d’Irvine Arditti, secondé par l’altiste Ralf Ehlers.
Les Arditti créent ensuite une pièce de Clara Olivares commandée pour l’occasion. De tout juste dix minutes, Spatiphyllum’s Supreme Silence s’accorde à la plante éponyme (fleur de lune en français) qui prend le temps de se développer sans bruit. Avec une belle maîtrise du matériau, la compositrice de 29 ans, élève de Mark André puis de Manoury, recourt au style atonal de ses maîtres pour agencer chaque instrument et présenter une lente évolution, dont ressortent au fur et à mesure de courts thèmes en croissance.
Très dense, le Quatuor n° 3 de Manoury nommé Melancholia prend appui sur la célèbre gravure de Dürer, dont le carré dans lequel chaque ligne et colonne représente au total le nombre 34. Composée en 2013, la pièce trouve sa voie dans une sonorité pensive, ou plutôt comme son titre l’indique, mélancolique. Chaque musicien possède en outre une paire de crotales au risque de limiter la qualité des pizz d’Irvine Arditti qui doit alterner rapidement archet et baguette en milieu de pièce.
Volontairement beaucoup moins long et dense, le dernier quatuor, Fragmenti, découle d’une demande du premier violon de retrouver un ouvrage plus simple. Présenté seul par le Quatuor Arditti le mardi soir dans la grande salle de la Cité, celui-ci répond en effet à la demande, au risque de passer par son accumulation de courts fragments pour une copie un peu facile de l’Opus 5 de Webern entendu une heure plus tôt dans l’Amphithéâtre du même bâtiment par le Quatuor Simply.
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Cité de la Musique, Paris Le 18/01/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Quatuors de Manoury par le Quatuor Arditti dans le cadre de la Biennale de quatuor à cordes 2022 à la Cité de la Musique, Paris. | Philippe Manoury (*1952)
Quatuor à cordes n° 1 « Stringendo »
Quatuor à cordes n° 3 « Melancolia »
Quatuor à cordes n° 4 « Fragmenti »
Clara Olivares (*1993)
Spatiphyllum’s Supreme Silence
Quatuor Arditti
Irvine Arditti, violon I
Ashot Sarkissjan, violon II
Ralf Ehlers, alto
Lucas Fels, violoncelle | |
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