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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital d’Aleksandra Kurzak et Roberto Alagna accompagnés par l’Orchestra national de Belgique dirigé par David Giménez Carreras dans le cadre des Grandes Voix à la Philharmonie de Paris.
Heures amoureuses
Le couple Kurzak-Alagna a donné un récital de duos et airs d’opéras très équilibré et sobre à l’image de la direction du chef Giménez Carreras dans les numéros orchestraux de circonstance. La réserve a heureusement cédé pour un duo de Cavalleria Rusticana incendiaire. De nombreuses chansons populaires offertes en bis achèvent de soulever la salle.
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Un célèbre couple de chanteurs d’opéra pour la Saint-Valentin, voilà une programmation de circonstance. Trois robes pour elle, trois costumes pour lui, en harmonie pour le moins scintillante, l’esprit est à la fête. Curieusement, une fois passée l’échange érotique du duo du I de Madama Butterfly, les autres duos chantés ce soir évoquent l’amour inaccessible, que ce soit par la mort de l’aimée (Thaïs), la non-réciprocité (Cavalleria Rusticana), ou les règles sociales (Don Carlos).
En contrepoint, les airs solos plus introspectifs, vont de l’espérance (La Gioconda) à l’inquiétude (Martha), en passant par la recherche de la consolation (Tosca). Seule Louise évoque un état rayonnant, un bonheur sans mélange, mais tel est le monde de l’opéra, plus souvent dramatique que badin. Accompagnés par l’Orchestre national de Belgique dirigé au cordeau par David Giménez Carreras, neveu d’un ténor illustre, Aleksandra Kurzak et Roberto Alagna offrent des prestations impeccables de morceaux sur-mesure.
Seul le duo de la mort de Thaïs les voit prendre des risques : changement de tessiture pour lui qui ne retrouve la lumière que dans le « Pitié ! » conclusif éclatant, grand écart pour elle depuis des graves péniblement poitrinés à un suraigu bluffant. Ailleurs, Kurzak privilégie systématiquement les sons sur le texte, notamment dans un Vissi d’arte très serein. Toujours d’une diction magique, la voix d’Alagna s’ouvre progressivement pour atteindre dès le début de la deuxième partie une éloquence contagieuse dans Don Carlos.
Toutefois les passions manquent globalement à ces prestations. Certes le cadre du récital n’est pas celui de la scène, mais il faut attendre le dernier numéro, celui de Cavalleria Rusticana pour atteindre une acmé dramatique tant attendue, avec l’impression que les rôles de Santuzza et Turiddu conviennent plus que les autres à notre duo de chanteurs. Ce feu est prolongé pour les bis dans un tout autre registre, infiniment plus léger, celui des chansons populaires.
Comme pour les duos précédents, Kurzak et Alagna veillent à ne pas chanter uniquement pour les spectateurs du parterre, et avec la régularité d’un arrosage automatique ils se tournent régulièrement vers le public d’arrière-scène, pour une fois pris en compte par les artistes. La chanson mexicaine Cielito lindo, Santa Lucia de Cottrau, Seranata spagnola de Buzzi-Peccia et Funiculì funiculà de Denza font éclater la joie du public. Avec une simplicité sans pareil de chauffeur de salle, Roberto Alagna fait monter la température très haut. Il faut d’abord bisser le Denza, puis entonner a cappella Heure exquise de Lehár, en français pour lui, en polonais pour elle, rejoints par la salle et les musiciens dans une communion irrésistible.
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Philharmonie, Paris Le 14/02/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Récital d’Aleksandra Kurzak et Roberto Alagna accompagnés par l’Orchestra national de Belgique dirigé par David Giménez Carreras dans le cadre des Grandes Voix à la Philharmonie de Paris. | Puccini, Ponchielli, Massenet, Verdi, Charpentier, Flotow, Mascagni
Aleksandra Kurzak, soprano
Roberto Alagna, ténor
Orchestre national de Belgique
direction : David Giménez Carreras | |
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