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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Version de concert du IIe acte de Tristan et Isolde de Wagner sous la direction de Daniele Rustioni à l'Opéra de Lyon.
Les promesses de l’aube
Cette soirée Strauss-Wagner est l'occasion d'une double prise de rôle très attendue avec Michael Spyres et Ausrine Stundyte dans l’acte central de Tristan en version de concert. Si le premier peut sembler exotique et décalé, la seconde comble nos attentes au-delà des espérances, parfaitement soutenue par la battue remarquable de Daniele Rustioni.
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L'enjeu d'une version concert du deuxième acte de Tristan pose inévitablement la question de la durée. Répondant partiellement à cette problématique, les Métamorphoses de Strauss constituent une solution et une difficulté. Elles disent le désespoir d'un compositeur pleurant un monde à jamais disparu.
Écrite en 1945, la partition pose une difficulté majeure en termes d'interprétation, exposant les seules cordes à un effort de concentration inouï pour surmonter la complexité de la polyphonie et des équilibres. Un effort perceptible dans des micro-décalages que les cordes de l'Orchestre de l'Opéra de Lyon ne parviennent pas toujours à maîtriser, peu aidées il est vrai par l'acoustique et leur positionnement sur le plateau.
Changement d'atmosphère avec le redoutable acte médian de Tristan, point d'équilibre où rivalisent les deux protagonistes dans le fameux duo d'amour. Habituée des rôles hors normes, Ausrine Stundyte est l'interprète idéale pour répondre aux exigences d'une prise de rôle en Isolde. Dès son entrée en scène, elle sait capter l'attention à la perfection, usant d'une présence quasi magnétique dans la façon d'incarner le personnage aux aguets dès que les cors retentissent, et tout entière tendue vers ce désir qui la traverse et exige que le jour cède la place à la nuit.
La portée et le galbe de la ligne vocale se projettent avec véhémence dans l'aigu, non sans défauts mais avec une urgence qui fait passer au second plan les stridences dans les changements de registres. La Brangäne de Tanja Ariane Baumgartner évolue sur les mêmes sommets, avec une ampleur dans le grave et une densité d'émission qui saisissent. Les deux femmes sont les héroïnes de cette soirée wagnérienne, à bonne distance d'un plateau masculin où les attentes se portent naturellement sur la prise de rôle de Michael Spyres.
Attendu au tournant en Tristan, le baryténor américain qui triomphe dans le bel canto et le Grand Opéra français apparaît concentré sur sa partition, absorbé par les enjeux et soucieux d'aller au bout de sa performance en négociant toutes les chausse-trappes et les dangers. Il semble de fait moins investi dans le pur rapport théâtral que sa partenaire cherche à imposer. La voix ne triche pas avec les moyens, et la fatigue se fait sentir à travers une palette qui perd progressivement des couleurs et de l'énergie. Imaginerait-on sérieusement un troisième acte après tant d'efforts déployés ?
Des lauriers également pour le Roi Marke très sonore et puissant mais sans grand relief de texte de Stefan Cerny. Autre triomphateur de la soirée, Daniele Rustioni parvient à tirer de l'Orchestre de l'Opéra de Lyon des couleurs, des équilibres et des nuances qui signent un grand Wagner, attentif à rendre palpables l'émotion et l'emportement dynamique du chant.
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Opéra national, Lyon Le 13/02/2022 David VERDIER |
| Version de concert du IIe acte de Tristan et Isolde de Wagner sous la direction de Daniele Rustioni à l'Opéra de Lyon. | Richard Strauss (1864-1949)
Metamorphosen (1945)
Richard Wagner (1813-1883)
Tristan und Isolde (acte II) (1865)
Michael Spyres (Tristan)
Ausrine Stundyte (Isolde)
Tanja Ariane Baumgartner (Brangäne)
Stefan Cerny (König Marke)
Orchestre de l’Opéra de Lyon
direction : Daniele Rustioni | |
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