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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert Gershwin de l’Orchestre de Paris sous la direction du pianiste Wayne Marshall à la Philharmonie de Paris.
Un Jazzman Ă Paris
À la Philharmonie pour deux soirs, le jazzman Wayne Marshall dirige un gros big band prénommé Orchestre de Paris dans un programme intégralement consacré à George Gershwin. Introduit par l’Ouverture de Strike up the Band, le concert trouve plus de fluidité avec Rhapsody in Blue puis se libère avec Un Americain à Paris avant la suite de Porgy and Bess.
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Gershwin n’est pas le cœur de répertoire de l’Orchestre de Paris, mais l’ensemble français a eu l’excellente idée de reprogrammer le compositeur cette saison sous le pianiste de jazz Wayne Marshall. Entré devant un piano ouvert placé en plein centre de la scène de la Philharmonie à la perpendiculaire du parterre, celui-ci débute le concert debout par l’ouverture de la première des trois comédies des frères Gershwin, Strike up the Band.
En chef de big band plutôt que d’orchestre, sa gestique perturbe quelque peu des musiciens classiques surtout concentrés sur leur partition, avec pour qualité principale de proposer une belle dynamique à la courte pièce, interprétée pour la première fois par cette formation, dans la version de Don Rose. Puis Marshall revient et dirige cette fois principalement assis, puisqu’il tient aussi et surtout la partie piano de Rhapsody in Blue.
La clarinette initie impeccablement le célèbre solo en glissando dû à Ross Gorman, puis les trombones suivent et Marshall, en véritable jazzman, entre en jeu avec un sens toujours étincelant de l’interprétation de la partition, reprise dans la courante orchestration posthume de 1942 de Ferde Grofé. Lyrique et sensible, il libère aussi l’orchestre, ensuite tout à fait à l’aise pour l’ouverture de Girl Crazy, entrée au répertoire il y a sept ans plus tôt.
La seconde partie offre deux tubes, dont Un Américain à Paris, joué dans la version habituelle plutôt que dans la splendide édition critique présentée en France en 2017 par Louis Langrée et son Cincinnati Symphony à la Seine Musicale. À présent tous dans le rythme, chef et orchestre délivrent une partition brillante, bien portée par les cuivres et percussions, mais surtout colorée par les cordes et les bois de claires sonorités françaises.
Dernière pièce du concert, Porgy & Bess : A Symphonic Picture, doit encore son arrangement à une main étrangère en 1942, cette fois celle de Robert Russell Bennett. Reprenant les plus grands moments de l’opéra, la suite d’un peu plus de vingt minutes place au milieu Summertime et s’achève comme l’ouvrage lyrique sur I’m On My Way. Un peu droite et moins délicate que l’Américain sous la battue de Wayne Marshall, l’œuvre n’en bénéficie pas moins de son style, là encore véritablement libre.
Étonnamment, le jazzman ne retouchera cependant plus au clavier de la seconde partie et surprendra même une dernière fois avec le bis : alors qu’il lance Promenade, Walking the Dog, l’un des derniers airs de Gershwin, il s’écarte du podium et l’on pense qu’il va rejoindre le piano en fond d’orchestre pour accompagner ce dernier. Pourtant, Wayne Marshall en décide autrement et se pose juste là , bras croisés près de la coulisse pour assister lui-même en public à la prestation de l’énorme jazz band de luxe !
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Philharmonie, Paris Le 16/02/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Concert Gershwin de l’Orchestre de Paris sous la direction du pianiste Wayne Marshall à la Philharmonie de Paris. | George Gershwin (1898-1937)
Strike up the Band, ouverture
Version Don Rose
Rhapsody in Blue
Girl Crazy
Orchestration Don Rose
Un Américain à Paris
Porgy & Bess: A Symphonic Picture
Orchestre de Paris
piano et direction : Wayne Marshall | |
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