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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Don Carlos de Verdi dans une mise en scÚne de Vincent Huguet et sous la direction de Michele Spotti au Théùtre de Bùle.
Philippe II abandonné
Trop dĂ©coratif, semblant hĂ©siter sur les enjeux de sa lecture, jusque dans un final miĂšvre, Vincent Huguet rate sa mise en scĂšne de Don Carlos. Par bonheur, lâengagement exceptionnel de lâorchestre de Michele Spotti se communique comme le feu Ă un plateau de grande qualitĂ© auquel ne manque quâun meilleur français chantĂ©.
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DĂšs le lever de rideau, les dĂ©cors de cette nouvelle production bĂąloise Ă©tonnent. Dans un style trĂšs simplifiĂ© oscillant entre celui dâun musical fifties Ă Broadway et des dĂ©coupages de livre pop-up, ils produisent un effet apaisĂ© contredisant le drame qui doit se nouer. Ce travail surprenant de Richard Peduzzi paraĂźt du moins en phase avec lâapproche largement dĂ©corative adoptĂ©e par le metteur en scĂšne Vincent Huguet.
Avec des lumiĂšres assombries et douces, des costumes dâĂ©poques variĂ©es conçus comme des taches de couleurs, lâEspagne historique du livret est loin. Ses personnages ne se comportent pas selon leur rang : Elisabeth sâĂ©veille dans une posture des plus familiĂšres, puis fait rire la salle lorsquâelle finit par accepter lâunion avec le pĂšre de son amant ; Philippe II porte une cuirasse romaine un peu ridicule et se fait cracher dessus par la Comtesse dâAremberg ; Carlos est affublĂ© dâune perruque Ă©voquant de maniĂšre malencontreusement irrĂ©sistible la coiffure de Jean-Claude Drouot dans Thierry la Fronde.
La dĂ©rision affleure souvent sans quâon sache vraiment pourquoi, sinon pour accentuer le caractĂšre dâanti-hĂ©ros de ces figures historiques. Quelques idĂ©es comme celle de fusionner Tebaldo avec la Comtesse dâAremberg sont astucieuses, mais fallait-il remplacer lâautodafĂ© par la suspension en cage de ladite aristocrate ? Quant Ă la petite fille qui accompagne Elisabeth sans que lâon sache quel est son pĂšre, on ne voit pas ce que cela ajoute Ă lâintrigue dĂ©jĂ chargĂ©e. Ă la fin de lâopĂ©ra, elle part avec les deux amants, laissant Philippe seul, dans une imagerie digne dâun mĂ©chant conte pour enfants.
Heureusement, dans la fosse, le travail de Michele Spotti prend une direction nette. Sans hĂ©sitation de style, il chauffe lâorchestre dans des couleurs Ă blanc, brosse de maniĂšre trĂšs allante sans temps mort une partition bien plus riche que la version italienne. Lâurgence quâil y met pourrait cependant laisser la place Ă un peu plus de respiration, Ă lâinstar du climat chambriste quâil instille au dĂ©but du IV. Le travail avec le chĆur culmine Ă Valladolid dans un français remarquable, ce qui nâest pas complĂ©tement le cas pour le reste du plateau.
Seul John Chest, Rodrigue clair, Ă©lĂ©gant et sensible, maĂźtrise une prosodie il est vrai piĂ©geuse. Lâaccent ne quitte pas souvent Nathan Berg, mais le timbre authentique de son Philippe II lui accorde toute lâautoritĂ© requise et une complexitĂ© psychologique fascinante. Sa scĂšne face au splendide et abyssal grand inquisiteur de Vazgen Gazaryan est vertigineuse. Carlos hĂ©roĂŻque et attachant, Joachim BĂ€ckström claironne dans le haut de la tessiture mais garde Ă tout moment une musicalitĂ© sensible.
La longue voix trĂšs maternelle de Yolanda Auyanet occulte sans doute une part du personnage dâElisabeth, celle de lâamante brĂ»lant passionnĂ©ment. Ce feu est en tous cas celui de lâEboli trĂšs sĂ©duisante de Kristina Stanek, chantant hĂ©las un sabir gĂȘnant. Un plateau qui reste Ă©quilibrĂ© et crĂ©dible â un petit tour de force pour cet ouvrage dont chaque production est une aventure.
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Theater, Basel Le 17/02/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Nouvelle production de Don Carlos de Verdi dans une mise en scÚne de Vincent Huguet et sous la direction de Michele Spotti au Théùtre de Bùle. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Don Carlos, opéra en cinq actes (1867)
Livret de Joseph MĂ©ry et Camille du Locle dâaprĂšs la piĂšce de Schiller
ChĆur du ThĂ©Ăątre de BĂąle
Orchestre symphonique de BĂąle
direction : Michele Spotti
mise en scĂšne : Vincent Huguet
décors : Richard Peduzzi
costumes : Camille Assaf
Ă©clairages : Irene Selka
Avec :
Yolanda Auyanet (Elisabeth de Valois), Nathan Berg (Philippe II), Joachim BĂ€ckström (Don Carlos), John Chest (Rodrigue, marquis de Posa), Vazgen Gazaryan (le Grand inquisiteur), Kristina Stanek (Eboli), Andrew Murphy (un Moine), Nataliia Kukhar (comtesse dâAremberg), ĂlfeiĂ°ur Erla GuĂ°mundsdĂłttir (la voix du ciel), Ronan Caillet (le Comte de Lerme). | |
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