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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction de Fabio Luisi, avec le concours du pianiste Nelson Goerner à la Philharmonie de Paris.
Fautes de carre
Le remplacement de Yefim Bronfman par Nelson Goerner s’avère une jolie surprise dans ce Troisième Concerto de Rachmaninov à la Philharmonie de Paris. Poursuivant ce programme russe par la dernière symphonie, la fameuse Pathétique de Tchaïkovski, Fabio Luisi conduit le Concertgebouw d’Amsterdam au déséquilibre entre les pupitres.
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En choisissant Nelson Goerner pour remplacer Yefim Bronfman indisposé dans un programme inchangé, l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam fait preuve de flair. Car l’art incontestable du pianiste argentin n’est pas associé à la musique de Rachmaninov mais plutôt aux compositions de Chopin ou de Debussy. Au fur et à mesure du développement du premier mouvement du Concerto pour piano n° 3, l’évidence de sa maîtrise s’impose. L’ornementation est brillamment exposée et le chant devient intense. La cadence miroite à l’envi.
Dans l’intermezzo, Goerner nuance, jouant des dynamiques et des couleurs comme on l’attendait. Et le Finale parachève la conquête, d’une puissance manifeste mais jamais écrasante. Tout au long, Fabio Luisi tient d’une main de fer l’orchestre dans une précision remarquable mais aussi avec une retenue expressive un peu frustrante. Seule la petite harmonie brille de tous ses traits pleins de caractère.
La Pathétique de Tchaïkovski donnée en seconde partie n’est pas de la même eau, même si le basson de Gustavo Núnez y est également extraordinaire. Dans le premier mouvement, Luisi autorise beaucoup plus de couleurs aux cordes, et phrase davantage romantique que précédemment. Mais une fois passée la citation du requiem orthodoxe, les sonneries aux cuivres sont l’occasion d’entendre le tuba surexposé, voire envahissant.
L’Allegro con grazia où la valse disparaît sous le pépiement des bois, constamment relancés par le chef, vient confirmer ce que l’on pouvait craindre. Comme au ski alpin où la faute de carre peut être fatale, le déséquilibre de la balance orchestrale dans la musique de Tchaïkovski ruine le fonctionnement organique de l’œuvre. L’incessante circulation des motifs devient inaudible pour laisser la place à des ostinati tournant à vide.
C’est encore plus gênant dans le mouvement suivant où la marche voit les cuivres devenir de véritables flonflons avec le retour en force du satané basson. Pour sûr, les admirables musiciens de l’Orchestre du Concertgebouw ne sont pour rien dans ces dérapages. Ne lâchant rien, le chef impose une sobriété impressionnante mais aussi presque asséchante dans l’Adagio lamentoso, finalement le moment le plus satisfaisant de cette lecture.
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Philharmonie, Paris Le 14/03/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction de Fabio Luisi, avec le concours du pianiste Nelson Goerner à la Philharmonie de Paris. | Serge Rachmaninov (1873-1943)
Concerto pour piano et orchestre n° 3 en ré mineur op. 30 (1909)
Nelson Goerner, piano
Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1846-1893)
Symphonie n° 6 en si mineur op. 74 « Pathétique » (1893)
Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam
direction : Fabio Luisi | |
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