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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert Haydn-Ligeti des pianistes Alain Planès et Ralph van Raat au Théâtre des Bouffes du Nord, Paris.
Les anciens et les modernes
Tandis que Bavouzet mettait en avant à Monte-Carlo les liens de résonnance entre Debussy et Haydn, Planès et Van Raat projettent le lundi aux Bouffes du Nord le compositeur autrichien vers le futur, avec un programme où sont interprétées en alternance ses œuvres et celles de Ligeti, sur deux instruments aux sonorités très différentes.
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Le festival du Printemps des Arts de Monte-Carlo débutait le même week-end que Pianos Pianos aux Bouffes du Nord, achevé le lundi par le seul concert auquel nous ayons pu assister, avec deux pianistes de grand intérêt. Sur scène, Alain Planès se présente devant la copie d’un pianoforte Walter de 1792, de seulement six octaves et deux pédales actionnables en levant les genoux, tandis que Ralph van Raat entre devant un Steinway bien plus récent.
L’aîné des pianistes lance l’aîné des compositeurs du programme avec ses Variations en fa mineur Hob XVII:6, bien gérées sur la sonorité relativement mate de son instrument. Ralph van Raat prend ensuite la main pour délivrer beaucoup plus de dynamique par les Étude n° 13 (Escalier du diable) et 14 (Colona infinita) de Ligeti, pour lesquelles la copie du Walter n’aurait pas accusé le coup, en plus de ne pas offrir un ambitus de clavier assez large pour la première, et de ne pas permettre la coda dans l’extrême aigu pour la suivante.
Haydn revient ensuite avec Alain Planès, les deux pianistes restant toujours en scène lorsque l’autre joue, s’attendant l’un l’autre silencieusement. La Partita en sol majeur Hob XVI:6 est alors proposée, tout en subtilité, là encore en plein contraste avec les deux œuvres suivantes du moderne hongrois, Étude n° 9 (Vertige), passionnante par sa célérité parfaitement maîtrisée par van Raat, puis la n° 10 (Zauberlehring), toujours aussi vive.
Le concert s’achève comme prévu sur une sonate en ut majeur de Haydn, mais pas la n° 58 Hob XVI:48 inscrite au programme. En dernière minute, il semble qu’Alain Planès ait choisit de jouer la n° 60 Hob XVI:50, sans prévenir le public. Plutôt que l’Andante con espressione langoureux attendu en ouverture d’une œuvre en deux mouvements, c’est donc une sonate en trois mouvements qui ressort du Walter à cordes droites.
Très bien jouée, on regrette que le pianiste n’ait pas pensé à la reproposer ensuite sur le Steinway, plutôt que d’annoncer après de longs applaudissements qu’aucun bis n’a été prévu pour ce concert, car en plus de mettre en avant l’évolution de la technique de composition en deux siècles, cela aurait permis d’évaluer également celle de l’instrument dans l’interprétation d’une même partition.
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Théâtre des Bouffes du Nord, Paris Le 14/03/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Concert Haydn-Ligeti des pianistes Alain Planès et Ralph van Raat au Théâtre des Bouffes du Nord, Paris. | Joseph Haydn (1732-1809)
Variations en fa mineur Hob XVII:6
Partita en sol majeur Hob XVI:6
Sonate n° 60 en ut majeur Hob XVI:50
Alain Planès, piano
György Ligeti (1923-2006)
Études n° 9, 10, 13 & 14
Ralph van Raat, piano | |
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