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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours du pianiste Leif Ove Andsnes à la Philharmonie de Paris.
Funérailles de lumière
Un programme cohérent et généreux démontre une nouvelle fois l’entente de l’Orchestre de Paris avec son directeur musical. Le pianiste Leif Ove Andsnes reste à la lisière de leur Mozart engagé. Si la création française d’une symphonie de Thomas Larcher est un succès, l’Adagio de la Dixième de Mahler atteint une acmé orchestrale exceptionnelle.
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Klaus Mäkelä a l’ut mineur radieux ce soir ! Certes, la Musique funèbre maçonnique ouvrant le concert est une procession pleine de gravité, le chef donne l’impression d’entrevoir dès la première page l’ut majeur conclusif. Une fois passée l’introduction des trois cors de basset, les quarante cordes prennent le dessus en termes de balance, du moins telle qu’on la perçoit du parterre. Sans doute est-ce là la source de cette lumière inusitée dans ces proportions. La même impression prévaut pour le Concerto pour piano en mib majeur qui suit.
Le pianiste Leif Ove Andsnes se fond discrètement dans la magnificence orchestrale. L’égalité de son jeu est celle d’une ligne claire au détriment des phrasés qui étaient ceux de ses premiers disques mozartiens. L’Andante n’apporte pas beaucoup de dialogue entre le piano et les vents pourtant éloquents. Chef et pianiste prennent au pied de la lettre l’indication Allegro assai du dernier mouvement et offrent de fait une virtuosité évidente qui sacrifie un peu les nuances dynamiques au piano. Une mazurka de Chopin donnée en bis montre encore Andsnes un peu raide et peu chantant.
La deuxième partie de concert reprend le thème funèbre avec la création française de la Deuxième Symphonie de l’Autrichien Thomas Larcher. Le tombeau indiqué par le sous-titre « cénotaphe » est celui des milliers de migrants disparus pendant leur traversée de la Méditerranée ces dernières années. Utilisant un orchestre important, Larcher souhaite confronter formes d’autrefois et gestes contemporains.
Refusant la narration, cette symphonie semble pourtant très linéaire. Ses quatre mouvements classiques distillent violences et apaisements pendant plus d’une demi-heure sans que l’attention ne faiblisse. D’habiles et réjouissantes fausses citations à la Bach, à la Mahler, des climats faits d’ostinati à la Bernard Herrmann démontrent une belle culture de la musique orchestrale. Mais la principale qualité tient à l’orchestration d’une grande clarté, exacerbée par l’acuité remarquable des musiciens de Klaus Mäkelä.
Cette audition nous met dans une position comparable à celle du spectateur à la fin du Capriccio de Richard Strauss quand s’élève la musique du clair de lune. Ici c’est l’Adagio de la Symphonie n° 10 de Mahler qui produit cet effet de beauté incroyable après l’agitation un peu superficielle qui précède. La saturation des couleurs aux bois, l’engagement des cordes, tout l’orchestre court pourtant au paroxysme mais pour ensuite laisser place à une résolution fragile mais lumineuse.
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Philharmonie, Paris Le 17/03/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours du pianiste Leif Ove Andsnes à la Philharmonie de Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Musique funèbre maçonnique (1785)
Concerto pour piano n° 22 en mib majeur K. 482 (1785)
Leif Ove Andsnes, piano
Thomas Larcher (*1963)
Symphonie n° 2 « CĂ©notaphe  ;»
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 10 (Adagio) (1910)
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä | |
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