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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Mignon de Thomas dans une mise en scène de Vincent Boussard et sous la direction de Frédéric Chaslin à l’Opéra Royal de Liège Wallonie.
Parfum de rose
Plus rare qu’Hamlet aujourd’hui, Mignon est pourtant le plus grand succès d’Ambroise Thomas. Grâce à l’Opéra Royal de Liège, l’ouvrage retrouve de la splendeur avec la direction colorée de Frédéric Chaslin et une distribution idéale, portée par Stéphanie d’Oustrac dans le rôle-titre et par le ténor Philippe Talbot, la basse Jean Teitgen et la soprano Jodie Devos.
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Créé en 1866 à l’Opéra Comique, qui l’a repris pour la dernière fois en 2010, Mignon a été composé deux ans avant Hamlet reste le plus grand succès du vivant d’Ambroise Thomas. Aujourd’hui éclipsé par l’opéra d’après Shakespeare, l’ouvrage sur un livret de Carré et Barbier d’après Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister de Goethe pourrait connaître un nouveau départ grâce à la grande réussite de cette nouvelle production liégeoise. L’opéra traite de l’oubli du passé de l’héroïne et finit sur sa mort, avant de subir des retouches pour l’Allemagne, où Mignon se ravive dans les derniers instants pour terminer dans l’allégresse d’un final en quintette, fin privilégiée aujourd’hui à Liège.
Vincent Boussard utilise un cadre lumineux et des vidéos projetées sur une toile de fond, qui reprennent souvent, en mise en abyme souhaitée par le metteur en scène français, la salle de l’Opéra Royal en miroir. À cela s’ajoute un jeu autour de la rose – les costumes rappellent le Rosenkavalier d’Otto Schenck à Vienne et Munich –, ainsi que la première scène de Mignon, posée sur un grand film plastique (très bruyant) pour la faire éclore comme la fleur d’un bouquet.
Majoritairement en fond de scène, le Chœur de l’Opéra Royal est bien défini mais moins sonore qu’à l’ordinaire. L’Orchestre de l’Opéra Royal renforcé par des musiciens du Conservatoire de Liège profite de la direction de Frédéric Chaslin, toujours ajustée à la scène et très fluide. Touchant dans les grands moments, le chef utilise aussi la couleur et parvient à développer tant les bois que les soli des cordes pour illuminer la partition symphonique.
Sur le plateau se trouve une distribution francophile dont ressort évidemment le lyrisme de la mezzo Stéphanie d’Oustrac, mais plus encore le rôle de soprano léger dont la tessiture plus proche d’Ophélie semble totalement convenir à l’écriture de Thomas. Jodie Devos s’y montre parfaitement à l’aise et éclaire ses aigus en plus de jouer avec son texte pour faire pétiller l’espiègle Philine. Elle profite également de son acolyte, Laërte enjoué de Jérémy Duffau, ainsi que du Frédéric très drôle de Geoffrey Degives, rôle redonné à un ténor léger ici alors qu’il était d’abord écrit pour un contralto.
Le ténor Philippe Talbot complète cette excellente distribution en chantant plus finement qu’il ne récite ses parties parlées, tandis que les basses se démarquent particulièrement, non seulement Roger Joakim pour son Jarno assisté d’un tout jeune complice, très synchronisé à la fosse dans un passage où il fait semblant de jouer du violon, et surtout Jean Teitgen, la saison prochaine dans la nouvelle production d’Hamlet à l’Opéra de Paris et aujourd’hui superbe par la précision sur le texte autant que par la profondeur des graves.
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