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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Concert du Trio Sora dans le cadre de La Belle Saison au Théâtre des Bouffes du Nord, Paris.
Place aux femmes
Dans une salle trop peu remplie, les trois musiciennes du Trio Sora présentent un programme intégralement dédié aux compositrices, avec en seconde partie des œuvres modernes et dans la première les excellents trios de Fanny Mendelssohn et Lili Boulanger, mis en regard avec un ouvrage sur le soir et le matin, de Mel Bonis.
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Le parterre des Bouffes du Nord est à peine plein et démontre comme la situation actuelle est compliquée pour remplir les salles parisiennes, surtout quand la communication est forcément limitée autour d’un concert composé uniquement de raretés. Pourtant, le programme du Trio Sora est dans l’air du temps et donne la place aux femmes avec six partions de compositrices des périodes romantique, impressionniste et moderne.
On aurait pu aimer une mise en regard du superbe Trio en ré mineur op. 11 de Fanny Mendelssohn avec le n° 1 de son frère cadet Felix, comme l’ont fait les membres du Trio Chausson dans un récent album, tant celui de la sœur affiche sa supériorité. Mais il est joué en introduction avant deux autres partitions issues de mains féminines, cette fois de la fin du romantisme.
L’entrée dans l’Allegro molto vivace se veut vive et percussive par le piano de Pauline Chesnais, quelque peu déséquilibré dans les premières phrases, avant de s’ajuster au violon d’Amanda Favier et au violoncelle plus lyrique d’Angèle Legasa, puis de s’assagir dans l’Andante espressivo. Le Steinway dirige par ses couleurs cristallines le Soir et matin, op. 76 de Mel Bonis, avant de s’adapter aux cordes pour D’un soir triste de la géniale Lili Boulanger, ici évidemment donné dans sa version pour trio, comme D’un matin de printemps ensuite, également bissé en fin de soirée.
En seconde partie, place aux compositrices vivantes avec d’abord Postcriptum de Lera Auerbach, artiste russe pour laquelle la violoncelliste rappelle qu’il était hors de question de la censurer, malgré la situation en Ukraine. L’ouvrage de cinq minutes ressemble à une pièce romantique de Rachmaninov, que l’on tenterait parfois de désincarner du violon vers des sons plus tendus.
The road not taken est présenté par Camille Pépin herself, qui explique ne pas avoir su choisir entre deux voies et avoir gardé les deux, pour cette œuvre comme souvent avec l’artiste de forme post-minimaliste aux thèmes mélodiques répétés en boucle. Puis on reprend de la vigueur avec un ouvrage en trois parties, Give me Phoenix wings to fly, écrit en 1997 par Kelly-Marie Murphy autour de la vie, la mort et la renaissance d’un Phoenix, ouvrage décrit avec sourire par la pianiste avant d’être joué avec ferveur par les trois musiciennes.
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Théâtre des Bouffes du Nord, Paris Le 04/04/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Concert du Trio Sora dans le cadre de La Belle Saison au Théâtre des Bouffes du Nord, Paris. | Fanny Mendelssohn (1805-1847)
Trio avec piano en ré mineur, op. 11
Mel Bonis (1858-1937)
Soir et Matin, pour trio avec piano, op. 76
Lili Boulanger (1893-1918)
Trios « D’un soir triste » et « D’un matin de printemps »
Lera Auerbach (*1973)
Postscriptum
Camille PĂ©pin (*1990)
The road not taken
Kelly-Marie Murphy (*1964)
Give me Phoenix wings to fly
Trio Sora
Amanda Favier, violon
Angèle Legasa, violoncelle
Pauline Chesnais, piano | |
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