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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Jenůfa de JanáÄek dans la production de Nicolas Joel, sous la direction de Florian Krumpöck au Théâtre du Capitole de Toulouse.
Sacristine du diable
Prévue initialement avec Angela Denoke en KostelniÄka, la reprise de Jenůfa dans la production Joel offre à Catherine Hunold une prise de rôle impromptue magnifiée de la première à la dernière scène, face à la splendide Jenůfa de Marie-Adeline Henry. Sous cette intense distribution, le chef autrichien Florian Krumpöck apporte émotions, rythmes et couleurs.
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Ce devait être une reprise pour des sopranos stars dans la fleur de l’âge, Cheryl Studer pour la grand-mère, Angela Denoke pour la Sacristine et Mireille Delunsch dans le petit rôle de la femme du maire. Mais cette dernière est la seule encore présente, bien en voix pour ce court rôle, aux côtés de la plus jeune Victoire Brunel, au timbre de mezzo adaptée à Karolka, fiancée de Števa, l’ancien amant de Jenůfa.
Denoke forfaite, Christophe Ghristi a proposé la Sacristine à notre grand soprano dramatique français, Catherine Hunold. Un emploi qu’elle a appris en quelques semaines à peine, sans doute assistée par le diable tant elle semble déjà le maîtriser par une voix pleine, une excellente diction et un souffle vaillant, au service d’une femme émouvante, qui prend plus de place dans le spectacle que le rôle-titre lui-même.
Pourtant, Marie-Adeline Henry, elle aussi en prise de rôle, aurait pu voler la vedette, tant sa Jenůfa est à la fois puissante et touchante scéniquement. Seulement trop criée dans le haut du spectre, elle tient sa partition avec vigueur et un chant coloré d’une ligne sans faille, tandis qu’en face, le Laca de Marius Brenciu se trouve limité par un timbre ingrat et une projection plus courte, à l’inverse du Steva de Mario Rojas, qui insuffle davantage de beauté au demi-frère héritier, bien incarné dans ses indécisions.
Pour accompagner la scène, en plus de seconds rôles très bien tenus et d’un chœur maison particulièrement dynamique à la fête villageoise de retour de conscription, l’Orchestre du Capitole trouve des teintes slaves sous la baguette du chef autrichien Florian Krumpöck. Des couleurs très présentes dans les bois, qui ressortent aussi des cordes, tandis que la dynamique maintenue en flux continu dès le prélude ne se relâche que dans les derniers instants, telle une roue du destin qui tourne inéluctablement pour porter le drame.
Reprise par Christian Carsten, la mise en scène de Nicolas Joel pose l’action dans un massif décor d’Ezio Frigerio (décédé le 2 février dernier), défini par un abrupt rocher en fond de scène et une grande roue de moulin, joliment colorés par les lumières de Vinicio Cheli. Littérale mais toujours portée sur la dramaturgie, cette proposition présente surtout un regard habile sur l’importance de la religion dans le livret et le texte original de Gabriela Preissovà , puisque finalement, toute la tragédie de cette femme enceinte hors-mariage vient de là .
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Théâtre du Capitole, Toulouse Le 24/04/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Reprise de Jenůfa de JanáÄek dans la production de Nicolas Joel, sous la direction de Florian Krumpöck au Théâtre du Capitole de Toulouse. | LeoÅ¡ JanáÄek (1854-1928)
Jenůfa, opéra en trois actes (1904)
Livret du compositeur d'après Gabriela PreissovÃ
Chœur du Capitole
Orchestre national du Capitole
direction : Florian Krumpöck
mise en scène : Nicolas Joel
décors : Ezio Frigerio
costumes : Franca Squarciapino
éclairages : Vinicio Cheli
préparation des chœurs : Gabriel Bourgoin
Avec :
Catherine Hunold (KostelniÄka Buryjovka, La Sacristine), Marie-Adeline Henry (Jenůfa), Marius Brenciu (Laca Klemeň), Mario Rojas (Å teva Buryja), Cécile Galois (Grand-Mère Buryjovka), Jérôme Boutillier (Le Contremaître / Le Maire), Mireille Delunsch (La Femme du Maire), Victoire Bunel (Karolka), Svetlana Lifar (Une Bergère), Éléonore Pancrazi (Barena), Sara Gouzy (Jano). | |
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