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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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PremiĂšre Ă lâOpĂ©ra de Rouen Normandie de JenĆŻfa de JanĂĄÄek dans la production Calixto Bieito, sous la direction dâAntony Hermus.
Pas de répit pour JenƯfa
Alors que JenĆŻfa sâachĂšve le soir mĂȘme Ă Toulouse, Rouen prend le relais avec une lecture Ă lâopposĂ©, oĂč tout converge autour de la mise en scĂšne radicale de Calixto Bieito, crĂ©Ă©e il y a quinze ans Ă Stuttgart. PortĂ© par Natalya Romaniw dans le rĂŽle-titre et une fosse en parfait accord avec la proposition, le spectacle marque par lâactualisation du propos.
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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Calixto Bieito ne devait ĂȘtre que le nom du crĂ©ateur de la production, reprise par Nina Dudek en Normandie, mais il est bien lĂ aux saluts et le directeur de lâOpĂ©ra de Rouen nous a mĂȘme confirmĂ© que lâartiste sâest repassionnĂ© pour son travail, au point de finalement le retoucher pendant une dizaine de jours avec la distribution. On retrouve donc ce qui faisait la force de ses propositions il y a une dĂ©cennie et fonctionne encore parfois aujourdâhui.
Le rideau sâouvre sur un dĂ©cor gris et tagguĂ© dans lequel traĂźne un tas de vĂȘtements, et lâon quitte la jolie roue de village du livret pour sâintĂ©grer dans un propos moderne : un quartier populaire de citĂ© oĂč la religion nâest pas ici utilisĂ©e pour expliquer la faute de JenĆŻfa, enceinte hors mariage, mais oĂč le poids de la sociĂ©tĂ© reste tout aussi fort.
Pour maintenir le caractĂšre oppressant du roulis crĂ©Ă© par Janacek dĂšs lâintroduction au xylophone, Bieito ajoute des bruits rĂ©pĂ©titifs sur scĂšne en continuitĂ© avec cette idĂ©e musicale, dâun jeu de ping-pong au I aux machines Ă coudre de lâusine de vĂȘtement au III, avec pour rĂ©sultat de tendre encore plus le public, dĂ©jĂ sous pression par la tension permanente recherchĂ©e.
Avec une direction colorĂ©e et fluide, il y aurait eu antinomie, mais Antony Hermus fonce heureusement Ă plein dans la mĂȘme direction que Bieito et cherche dâun excellent Orchestre de lâOpĂ©ra Rouen Normandie un son tendu, souvent rĂȘche voir rĂąpeux. Les accords de la harpe sont froids, le grand solo de violon presque acide, les attaques nettes. Tout sâaccorde Ă aller dans le sens de la scĂšne, Ă©galement soutenue par le chĆur, qui rate son entrĂ©e mais dynamise ensuite ses interventions.
Idem du plateau, dont la JenĆŻfa de Natalya Romaniw est une voix vigoureuse sur tout le spectre, mais Ă laquelle nâest laissĂ©e aucune possibilitĂ© dâĂ©motion. La KostelniÄka de Christine Rice semble moins Ă lâaise avec la direction dâacteur et se montre un peu perdue au I, pour mieux rentrer dans lâaction Ă partir de lâacte II, oĂč elle finit par Ă©clater aux poings la tĂȘte de lâenfant. Pour le reste du plateau, bien distribuĂ©, se dĂ©marque le Laca de Kyle van Schoonhoven, dâune voix vaillante ajustĂ©e Ă lâĂ©nergie du tĂ©nor en scĂšne.
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Opéra, Rouen Le 26/04/2022 Vincent GUILLEMIN |
| PremiĂšre Ă lâOpĂ©ra de Rouen Normandie de JenĆŻfa de JanĂĄÄek dans la production Calixto Bieito, sous la direction dâAntony Hermus. | LeoĆĄ JanĂĄÄek (1854-1928)
JenƯfa, opéra en trois actes (1904)
Livret du compositeur d'aprĂšs Gabriela PreissovĂ
ChĆur accentus / OpĂ©ra de Rouen Normandie
Orchestre de lâOpĂ©ra de Rouen Normandie
direction : Antony Hermus
mise en scĂšne : Calixto Bieito
décors : Susanne Gschwender
costumes : Ingo KrĂŒgler
Ă©clairages : Reinhard Traub
prĂ©paration des chĆurs : LukĂĄĆĄ Vasilek
Avec :
Natalya Romaniw (JenĆŻfa Buryja), Christine Rice (KostelniÄka Buryjovka), Kyle van Schoonhoven (Laca KlemeĆ), Dovlet Nurgeldiyev (Ć teva Buryja), Doris Lamprecht (StaĆenka Buryjovka), Yoann Dubruque (StĂĄrek), Victor Sicard (Le maire du village), Aline Martin (La femme du maire), SĂ©raphine Cotrez (Karolka), Lise Nougier (PastuchyĆa), Yete Queiroz (Barena), Clara Guillon (Jano). | |
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