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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 novembre 2024 |
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Concert d’ouverture de ManiFeste 2022 avec des œuvres de Manoury, Mochizuki et Stroppa par l’Orchestre de Paris sous la direction de Lin Liao à la Cité de la Musique, Paris.
Dense et agile
Après deux éditions compliquées par la crise sanitaire, le Festival ManiFeste se déroule sereinement en 2022 et maintient sa programmation exigeante, à l’image d’un concert d’ouverture dense avec des pièces de Manoury, Mochizuki et Stroppa, tous trois présents pour admirer la direction précise et agile de la cheffe Lin Liao devant l’Orchestre de Paris.
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Lights, camera, action !
Vigueur et courants d’air
En passant par la mort
[ Tous les concerts ]
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Ring est sauf erreur présenté pour la première fois en France lors de ce concert d’ouverture de ManiFeste 2022 à la Cité de la Musique. Comme les deux volets ultérieurs de la trilogie Köln, la pièce a pour but de remettre en cause les fondements de l’orchestre symphonique et dispose donc celui-ci en cercle (ring en anglais et allemand) autour du public, avec trois groupes sur les balcons et le dernier sur la scène.
L’Orchestre de Paris intègre quelques transfuges de l’Ensemble Intercontemporain, dont le contrebassiste Nicolas Crosse, ainsi que cinq musiciennes de diverses formations ukrainiennes, pour trouver sous la direction de la cheffe Lin Liao un geste à la fois précis et toujours souple, qui parvient tant à développer à mesure la grande œuvre de Manoury qu’à la reconcentrer aux moments les plus vifs, à l’instar des mitrailles des cuivres intervenant au bout de trente-cinq minutes. Débuté par des extraits de la partition joués par les musiciens pendant que le public s’installe, Ring s’éteint doucement et crée un long silence avant de trouver des applaudissements nourris.
En seconde partie, la nouvelle version d’Intrusions de Misato Mochizuki est présentée, et comme son nom l’indique, la pièce intègre à l’orchestre des intrusions sonores, ajoutées par le biais de l’électronique de l’IRCAM. Les sons intrus (oiseaux, moteurs…) transpercent alors le matériau orchestral et permettent à celui-ci de se développer autour, par imitation ou reprise. Cette technique, ensuite utilisée pour attirer certaines parties du cerveau comme lorsqu’il est endormi, offre une œuvre multiple et stimulante, là encore très bien organisée, avec un Orchestre de Paris à l’aise dans la complexité de l’écriture.
Come Play With Me de Marco Stroppa, créé comme Ring avant la pandémie à Donaueschingen avant d’être donné ici en création française, utilise un texte de Yeats pour déployer des sons électroniques retranscrits par une fine colonne de sept haut-parleurs, descendue pour l’occasion du plafond. Véritable concerto pour électronique solo, géré en grande partie de l’ordinateur par le compositeur lui-même, l’ouvrage, encore plus dense que les deux précédents, prend appui sur le Concerto n° 4 de Beethoven, parfois désincarné avec des transcriptions sur des instruments très différents du clavier. Véritable hymne à l’électronique, il s’achève par une somptueuse cadence, qu’il faudra comparer lors d’une prochaine écoute pour vérifier la part d’improvisations intégrée par l’artiste pendant l’interprétation.
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Cité de la Musique, Paris Le 09/06/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Concert d’ouverture de ManiFeste 2022 avec des œuvres de Manoury, Mochizuki et Stroppa par l’Orchestre de Paris sous la direction de Lin Liao à la Cité de la Musique, Paris. | Philippe Manoury (*1952)
Ring, pour orchestre spatialisé
Misato Mochizuki (*1969)
Intrusions
Création mondiale
Marco Stroppa (*1959)
Come Play With Me, chants d’amour et de souffrance pour une utopie déchue, pour électronique solo et orchestre
Création française
Carlo Laurenzi, Robin Meier, Ă©lectronique
Clément Cerles, diffusion sonore
Orchestre de Paris
direction : Lin Liao | |
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